L'histoire :
Art Stocker, le parrain des « 40 voleurs » qui sévissent dans le sud de Londres en 1920, a demandé une entrevue en terrasse d’un bar, à Alice. Celle-ci a en effet repris, après Queen Kate, la direction des « 40 éléphants », le gang rival uniquement composé de femmes. Il lui explique que neuf de ses hommes, se sont récemment fait prendre la main dans le sac, en pleine extorsion chez des commerçants. Il est persuadé que ces arrestations sont dues à de la délation. Et que cette dénonciation vient d’une de ses « gagneuses » à elle, d’une taupe qui joue les indics auprès de la police. Alice en prend note, mais elle lui refuse de porter cette responsabilité. Stocker lui donne un second rendez-vous, après le bal de la Saint Valentin, afin de déterminer leurs territoires d’influence. La taupe, qui existe bel et bien, s’appelle Florrie, et elle fait effectivement des rapports réguliers à l’inspecteur Sacks. Mais Florrie souhaite tout arrêter. Sa trahison lui coûte d’autant plus qu’elle s’est désormais attachée à ses collègues de chapardage. A l’origine, elle a accepté d’être infiltrée parmi les 40 éléphants pour aider au démantèlement d’un réseau de kidnapping de bébés. Florrie veut en effet savoir qui a enlevé son neveu William, un rapt qui s’est ensuivi du suicide de sa sœur… mais le dossier demeure vide…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La tension monte d’un cran dans ce second volet de 40 éléphants, tout comme la complexité psychologique des personnages managés par Kid Toussaint. Le scénariste dévoile vraiment ses sympathiques capacités narratives à travers cette série. Ses personnages, plutôt féminins, sont diversement attachantes, torturées, conspiratrices… et fortes de caractères. Rappelons que les 40 éléphants ne sont pas un troupeau de pachyderme, mais un gang de femmes, chapardeuses, intrigantes et « gagneuses », avant tout insoumises aux hommes. Une thématique qui fait sens, au regard des débats de société très actuels. Or ici, il est tout de même plus question de thriller mafieux que de militantisme. L’intrigue monte rapidement en volume avec un triple assassinat de prestige, aussitôt ponctué d’un panneau d’entracte, comme on en faisait dans le cinéma muet de l’époque. Un second panneau viendra déclencher le début d’un climax riche en révélations, durant une séance de spiritisme. L’ensemble bénéficie du dessin vivant et cinématographique de Virginie Augustin, qui se met au diapason du décor et des costumes des années 20, par le truchement d’un trait fortement encré, dynamique et moderne à la fois. La dessinatrice prouve une fois de plus qu’elle est au top-niveau du 9ème art. Ce second opus met un terme à la plupart des intrigues en cours… mais on se réjouirait tout de même d’avoir une suite !