L'histoire :
Allongé et en transe sur le sol de son atelier, Thomas a l’impression de devenir fou. La tâche que lui a donné Big Man de réaliser quarante toiles est insurmontable. Partout où il regarde, l’espace est occupé par Joan, Johnny Cash, Big Man et les autres. Alors qu’il subissait un énième cauchemar sur le nombre de toiles à peindre pour Big Man, un cri de nouveau-né le réveille. Est-ce la réalité ou est-il encore dans son rêve ? Lorsqu’il entre dans sa cuisine, un couffin est posé sur la table avec une jolie petite fille de quelques mois dedans. Au son de la voix de Joan, son cœur bât la chamade. En voyant son visage, il ne peut retenir ses larmes. Elle était là devant lui avec son enfant, Jamie. Joan est revenue au Jukebox Motel car elle a abandonné son rêve de parolière. Cependant, elle a postulé pour le journal New Yorker en tant que rédactrice critique au département culturel. Nouveau coup de massue pour Thomas qui voit sa femme et sa fille s’éloigner une nouvelle fois. Après avoir livré la commande de Big Man, il apprend que ce dernier fait rependre la rumeur de la mort de Robert Fury pour faire monter le prix des toiles. C’en est trop, il doit dire à la face du monde qu’il est vivant et rendre la monnaie de sa pièce à Big Man.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clap de fin pour ce diptyque original et torturé. Pour Thomas Shaper, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. Cet artiste qui a refusé de reprendre l’entreprise familiale pense avoir trahi sa famille et porte sur ses épaules le deuil de son père qui s’est suicidé. De plus, sa situation amoureuse avec Joan n’est pas évidente à gérer. Malgré son amour, il doute de la voir revenir auprès de lui. La naissance de la jolie Jamie ne va pas changer grand-chose car Joan souhaite développer sa carrière à New-York plutôt que se terrer au JukeBox Motel. D’ailleurs ce lieu est une arche de Noé pour les êtres perdus dans ce monde. N’ayant aucun propriétaire, ce bastion de sauvetage a vu passer des grands noms comme Johnny Cash, qui va être une bouée pour aider Thomas à rester à flot. Bien sur il faut aussi compter sur Big Man, visage du grand capitalisme libéral américain, qui monnaie l’art au prix fort, quitte à faire naître et mourir culturellement des artistes. Ce cocktail explosif et torturé plonge le lecteur dans une réalité noire criant vengeance. Le récit suit la longue descente aux enfers de Thomas. L’univers graphique de la série, confiée à Marie Duvoisin, est très beau. La dessinatrice, avec son trait réaliste, capte et reproduit parfaitement les émotions des protagonistes, ce qui pour cette série est indispensable. La colorisation est très belle avec quelques planches de style Pop Art du plus bel effet. Ce dernier opus clôt avec panache un très bon récit noir et torturé.