L'histoire :
De nos jours, par une belle journée d'été, deux jeunes gens regardent passer les hors-bords sur les berges du lac Champlain, au nord-est des Etats-Unis. Soudain, une vague dépose un squelette humain près de l’un d’eux. Aussitôt appelé sur les lieux, le shérif local fait appel à Pete Orsini, un anatomopathologiste réputé du collège de Centerbury, le bourg le plus proche. Après quelques analyses, notamment sur la pointe d’une flèche fichée dans le torse du squelette, Orsini conclue que les ossements, certainement libérés par la fonte des glaces, datent d’environ 9500 ans. Mais ce qui le laisse le plus perplexe, c’est que la forme de son crane correspond plus aux caractéristiques préhistoriques européennes qu’aux critères des natifs Mohegans de l’époque ! Il s’agit d’une preuve inouïe que l’homme blanc avait traversé l’Atlantique bien avant les vikings. Rendues publiques, ces déductions créent le scandale dans cette région aux mentalités rurales. D’une part, la communauté Mohegan, à qui la dépouille revient de droit selon la loi fédérale, refuse que cet ancêtre ne leur soit pas confié. L’un d’entre eux comptait d’ailleurs en faire l’attraction de son casino géant. D’autre part, des hommes politiques racistes et fondamentalistes mettent tout en place pour attiser les haines…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Intox ou réalité, le mystérieux « pfm » qui scénarise cette histoire est présenté par l’éditeur comme étant un ancien conseiller ministériel américain, puis conseiller de Georges Bush junior, et désormais consul de France aux USA ! Or, on constate dès les premières pages, que le scénario emprunte effectivement des voies peu conventionnelles. D’un côté, il est particulièrement piquant quant aux sujets abordés, mais il s’avère étonnamment laborieux dans son rythme narratif, s’appuyant sur des dialogues peu naturels et une psychologie de personnage plus que limite. Au cœur de l’intrigue, la stupéfiante découverte archéologique s’avère en fait à double tranchant. D’une part, elle permet de jouer sur la corde scientifico-historique, avec l’étonnante présence d’un européen sur le continent américain au néolithique. D’autre part, sa publicité découle sur des implications sociales contemporaines d’ampleur, avec les remous engendrés au sein de la minorité ethnique Mohegan, et les manœuvres politiques des pentecôtistes fondamentalistes. Même en y allant avec ses gros sabots, Pfm fait un tour intéressant de la question et montre une certaine culture des leviers à ne pas chatouiller au sein des microcosmes sociaux instables. Le choix du dessinateur est assez malin : André Cheret est l’un des papas de Rahan (qui fête cette année ses 40 ans !). Bien que située sous notre ère contemporaine, l’intrigue lui permet de faire quelques flashbacks aux âges farouches, où l’on retrouve un Mohegan européen aux cheveux de feu… sosie de Rahan ! Evidemment en couleurs directes, son dessin réaliste s’appuie sur des automatismes maintes fois éprouvés sur Rahan tout au long de la carrière du héros préhistorique (les personnages féminins notamment). Un curieux premier tome, dont la conclusion est déjà attendue au prochain volume…