L'histoire :
Au printemps 1343, Olivier de Clisson, jeune noble de Bretagne, se rend à Paris sur invitation du roi de France Philippe VI de Valois, pour participer à un tournoi. En réalité, il s’agit d’un piège. Persuadé qu’il a livré Vannes au roi Edouard III d’Angleterre, le roi fait arrêter Olivier de Clisson. Or son épouse Jeanne est venue elle aussi jusque Paris, en compagnie de son fidèle écuyer Guillaume, pour tenter de convaincre Olivier de rentrer en Bretagne. En soudoyant un capitaine de la garde, elle tente de faire passer un message à son époux. Jeanne et Guillaume prennent ensuite conseil auprès d’un allié de la famille, Thibaut de Parthenay, qui a ses entrées à la cour. Ce dernier leur apprend qu’Olivier a été arrêté et qu’il sera jugé pour haute trahison, de manière sans doute inique. Il la convainc de s’exfiltrer discrètement de Paris pour éviter de subir le même sort et mettre à l’abri ses enfants. Puis de vendre ses terres, avant que le roi ne les lui confisque. Cela lui procurera un peu de trésorerie, qui lui sera bien utile si elle doit s’établir à l’étranger. Jeanne, Guillaume et leur escorte quittent donc Paris nuitamment, en prenant mille précautions. Ils neutralisent par exemple sans pitié une patrouille envoyée par le roi pour les rattraper. Sans pitié, Jeanne fait exécuter tous les soldats. Dans les semaines qui suivent, Olivier de Clisson est soumis à « la question » (torture) dans les geôles du Chatelet. Sous la douleur extrême, il avoue ce qu’on lui demande d’avouer… et il est aussitôt exécuté sur ordre royal.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Authentique baronne poitevine mariée au breton Olivier de Clisson en 1330, Jeanne de Belleville fut surnommée la Tigresse bretonne, lorsqu’elle dut fuir la répression du roi français Philippe VI, qui a fait iniquement décapiter son mari (pour une supposée trahison). Sa rébellion ultime envers le pouvoir royal la transforma alors en femme pirate – peut-être la première de l’Histoire ! – avec son castel de l’île d’Yeux en tant que camp de base… Dans ce one-shot, le scénariste Roger Seiter nous narre cette épopée séditieuse qui dura selon la légende presque un an, en prenant le parti de la version la plus romanesque possible. Une autre version plus sage voudrait qu’elle se soit simplement enfuie en Angleterre et que son navire attaqué se soit juste défendu. Qu’importe, lorsque la légende est plus belle que la réalité, on aime retenir la légende. Notre tigresse bretonne se mue donc ici en seigneur de guerre, pillant les châteaux voisins, puis en chef pirate à bord de navires noirs portant des voiles rouge sang pour impressionner l’adversaire. Elle dirige ses hommes, manie l’épée comme un chevalier et ne fait aucune pitié : elle massacre soldats et commerçants, leur coupe les mains et les pieds, puis les balance à la mer. A défaut d’être tout à fait crédible, cette aventure médiévale reste tout de même réaliste, notamment parce que le dessin de Frédéric Blier fait honneur à l’époque et à ses mœurs. Les forteresses et architectures sont richement illustrées, les panoramas nombreux, les tenues et les navires documentés, tout comme les scènes de bataille sur terre ou en mer, homériques et détaillées. De la bien belle ouvrage, sur 62 planches qui ferraillent sévère et hument les embruns.
