L'histoire :
Brocanteur de métier, Gabin est venu à Dain-sur-Souzon pour y faire des affaires lors de la grande braderie annuelle. Hébergé chez l’habitant, dans la famille du docteur Lemanant, il se retrouve mêlé malgré lui à une sordide affaire qui ébranle cette famille. En effet, un autre pensionnaire d’une vingtaine d’années, Arnaud, se révèle être le fils naturel et illégitime du docteur. Et il est venu pour régler ses comptes… Or la visite du jeune homme coïncide avec le double meurtre d’un couple de paysans, les Bousoir, qui l’avaient « adopté » bébé. Grace à Gabin, Arnaud a été arrêté et identifié comme étant Auguste Bousoir, le propre fils adoptif des fermiers. Cet enfant, confié à la famille Bousoir à sa naissance, s’était enfui de chez eux à l’âge de 7 ans, car le paysan le battait. Depuis 20 ans, toute la ville le croyait mort dans des marécages et tout le monde le suspecte désormais d’être le responsable de l’incendie de la ferme Bousoir. Les trois loubards initialement suspectés sont donc relâchés. Pourtant, Arnaud demande à voir Gabin dans sa cellule et il le persuade de son innocence. Gabin fait alors appel à son ami Albert, commandant de police et accessoirement papa de sa fiancée. Car si Albert est un piètre tireur, il est ouvert d’esprit et humaniste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oui, bon, ça parait compliqué, raconté comme ça… et effectivement, c’est loin d’être simple ! Le héros, une sorte de « Loulou la brocante » jeune et volontaire, conclut ici une « enquête » sur les résurgences d’une sordide affaire familiale. C’est juste l’histoire d’un enfant illégitime, dont on se débarrasse à la naissance, qu’on bat, qui s’enfuit, se fait passer pour mort et revient 20 ans plus tard pour régler des comptes. Or, ce principal suspect est loin d’être le plus gros responsable des évènements dramatiques, comme Gabin le découvrira dans ce tome 2, avec sa manie de repérer des détails insignifiants de type armoiries, vieux cahiers ou meubles anciens… Car être obsédé par la brocante, peut effectivement révéler un véritable talent d’enquêteur ! Tragédie il y a, donc, mais néanmoins le ton reste celui du p’tit polar rural, avec la saveur et la fraicheur d’un bon petit téléfilm du service public. Le scénariste Xavier Bétaucourt fait évoluer son intrigue en dehors des canons de la BD actuelle, même si le saupoudrage d’humour bienvenu parasite paradoxalement la fluidité narrative. Autre bémol : les personnages sont attachants à défaut d’être tous totalement crédibles (les loubards sur-jouent leur rôle). En revanche, Didier Pagot applique quand à lui à cette histoire un dessin semi-réaliste particulièrement détaillé, travaillé et varié, en dépit d’un décorum qui n’a somme toute pas grand-chose d’exaltant : une petite ville de province et ses environs. Quoique la période estivale ensoleillée s’inscrit astucieusement en contrepied des ambiances traditionnellement neurasthéniques de polars. Le personnage a de l’avenir, à condition peut-être de se montrer un chouya plus ambitieux et limpide à la fois.