L'histoire :
Ce week-end de la Pentecôte, Gabin Kashenko, antiquaire professionnel, a décidé de le passer à Dain-sur-Souzon, une petite commune rurale des Charente. La plus belle brocante de la région doit en effet s’y tenir et il prend deux jours de marge afin de proposer ses services aux paysans qui souhaiteraient se débarrasser de vieilleries. Il gare alors sa fourgonnette au gîte du docteur Lemanant, où il fait à table la connaissance de sa femme, sa fille et d’un autre pensionnaire de passage pour le week-end. Gabin (oui, il sait, comme l’acteur, sauf que lui c’est son prénom) y prend ses renseignements : les Lemanant lui indiquent deux fermes potentiellement intéressées pour lui vendre des antiquités. Chez les Bousoir, il fait la connaissance de Mireille, une attardée mentale que les médecins de l’hôpital psychiatrique tout proche ont envoyé s’épanouir à la ferme. Il fait aussi la connaissance du fermier, bien peu commode… C’est le cas de le dire, puisqu’il négocie (mal) avec lui, le rachat d’une vieille commode. Pendant ce temps, la fille des Lemanant, 15 ans, propose une balade dans la campagne environnante à l’autre pensionnaire du gîte parental, Bosmart, un jeune homme de quelques années son ainé, mais qui semble avoir bien des choses à cacher. En effet, il a le dos couvert de cicatrices, un flingue dans sa boîte à gants et un médaillon suspect…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les secrets de famille enfouis, au sein des petits villages ruraux, sont une source inépuisable d’intrigues policières. La profession de ce nouveau héros, chineur, ici aussi originale qu’appropriée, impose donc un style de polar rural dans la même veine que Loulou la brocante, version trentenaire. Ce faisant, la collection Grand angle de Bamboo fait en outre comme un clin d’œil à la collection voisine Humour job. Parrainée par Alain Dodier (rien que ça, ça en dit long sur l’humeur !), cette mise en bouche est solide et plutôt plaisante, malgré quelques ficelles narratives un peu lourdes. Elle a toutefois le mérite de présenter en profondeur le héros, les nombreux protagonistes, le contexte familial et rural et d’enchainer immédiatement avec une première enquête complète et résolue. De fait, l’intrigue met un peu de temps à démarrer et à accrocher totalement le lecteur, mais c’est dans la logique des choses. Car il n’est pas facile de cerner les comportements bourrus de la campagne sans tomber dans la caricature… et y perdre de son réalisme. Le scénariste Xavier Bétaucourt y arrive pas si mal que ça, en ciblant à peu près la même veine de contingences que dans Jérôme K Jérôme : c’est à la fois humain, prenant, crédible et léger ! Il est aidé par le savoir-faire graphique de Loïc Malnati, qui se frotte pour la première fois au registre contemporain. Le dessinateur livre une partition certes académique mais sérieuse, limpide et détaillée. Un bon début…