L'histoire :
Durant les années où il a officié en tant que missionnaire en Ethiopie, le père Jonah a côtoyé suffisamment l’horreur pour aujourd’hui faire vaciller sa foi. Il a donc préféré rendre sa toge, pour devenir enquêteur pour le compte du Vatican, chargé d’authentifier les miracles ou de démontrer les canulars. Pour sa première enquête, il est envoyé au Monastère de Montelago, où un ange serait apparu pour guérir collégialement des malades atteint du Choléra. Il fait la connaissance d’une fillette autiste, Mariangela, que les habitants considèrent en lien avec le divin, à l’exception de son père, médecin cartésien. En effet, un ange lui serait apparu pour lui signifier la guérison de l’épidémie. Jonah dispose également de deux plumes blanches, que les croyances locales attribuent à ce même ange, qu’il doit faire expertiser en laboratoire. En enquêtant sur les origines de Mariangela, Jonah a rapidement la conviction que l’explication divine est contestable. En enquêtant aux abords d’une maison en ruine, un inconnu lui plonge la tête dans un bassin d’eau croupie. Dans les jours qui suivent, Jonah contracte le choléra…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En inventant le personnage de « profiler des miracles », le scénariste Alessandro Crippa a trouvé un synopsis de série doté d’un fort potentiel. En outre, le (premier ?) diptyque qui en est issu instrumentalise habilement les doutes du héros : prêtre désabusé, Jonah trouve dans son nouveau job un écho intéressant avec la remise en question de sa foi : en cherchant le miracle, il sonde ses propres convictions. Durant toute cette seconde partie, les auteurs nous maintiennent sur la brèche du fantastique/divin : accumulant des éléments concrets, l’explication finale de Jonah basculera-t-elle néanmoins dans l’ésotérisme ou restera-t-elle cartésienne ? Le registre de l’épouvante est habilement utilisé : la maison à barbe, le chiffre 37 tracé sur les murs, la libération des papillons… Côté narration, l’intrigue et l’enquête se déroulent donc de manière classique et efficace, révélant en tous cas un éclairage bien moins hermétique et donc plus captivant que 100 âmes (le précédent triptyque ésotérique du duo d’auteurs, un peu grand-guignolesque). Inversement, le dessin d’Alfio Buscaglia est ici moins peaufiné. Pourtant, on retrouve cette touche personnelle dans les cadrages, bénéficiant de profondeurs de champs intéressantes, et cette utilisation judicieusement angoissante de la lumière. Mais cette fois, les cases sont souvent dépouillées de décor et on note des différences d’épaisseurs dans les traits incohérentes avec la « focale », symptomatiques d’une utilisation abusive du zoom…