L'histoire :
En 1939, Jonah Bellato, ancien missionnaire en Afrique, s’interroge sérieusement sur sa foi, lorsqu’il est convoqué par le Vatican. Ayant eu vent de ses doutes, un cardinal lui propose de devenir enquêteur pour la « Sacra Congregatio », l’institution chargée de la canonisation des Saints et donc de l’authentification des miracles. En général, ce genre d’histoire extraordinaire pousse les enquêteurs à démasquer les supercheries à l’aide d’explications rationnelles. Jonah espère que ce nouveau job lui donnera des signes de l’existence de Dieu et, par là même, qu’il retrouvera la foi. C’est donc sans sa casquette d’ecclésiastique qu’il se rend au Monastère de Montelago, bâti sur une île d’un lac transalpin. En effet, l’année précédente, une guérison collégiale de choléra a défrayé la chronique et s’est conclue par une origine divine. D’après les éléments en sa possession, une fillette venue d’on ne sait où, y a dialogué avec un ange, qui lui aurait annoncé la fin de l’épidémie pour les 12 malades. Lors de cette rencontre, l’ange a pourtant offert une relique sacrée à Mariangela : deux de ses plumes. Sur place, Jonah débute ses investigations en rencontrant la fillette, un peu autiste, et envoyant lesdites plumes dans un laboratoire d’analyse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce Missionnaire comme dans le film (ou le roman) l’exorciste, un prêtre en pleine remise en question s’expose à un mystère « divin » pour tenter de recouvrer la foi. La narration est néanmoins ici plus proche de celle d’Antoine Sèvres, le moine enquêteur moyenâgeux (chez Les Humanos) : il s’agit de trouver une explication rationnelle aux faits exposés. Car rien n’indique a priori dans l’intrigue que les ressorts du « miracle » sont effectivement d’origine angélique. Alessandro Crippa aligne savamment de nombreux morceaux de puzzle, qui ne se mettront leur place que lors du second et dernier volume : deux plumes d’ange, le plafond de 3 m de haut de Mariangela est maculé du chiffre 37, une nonne se « suicide », une cabane abandonnée semble être au cœur de l’énigme… il faut bien avouer que pour le moment, tout cela est très intrigant ! C’est en tous cas bien plus captivant que 100 âmes, le précédent triptyque pseudo ésotérique publié par ce duo d’auteurs italiens (Delcourt). Au dessin, Alfo Buscaglia met en place un style plus « brut », moins peaufiné dans les détails que sur 100 âmes, mais toujours impeccablement cadré et proportionné. Pour la couleur, le dessinateur a été à bonne école aux côtés d’Emmanuelle Tenderini. Il réitère ici les mêmes techniques de lumières (beaucoup de blancs), sans atteindre toutefois le niveau d’excellence de cette dernière…