L'histoire :
Un scénariste de BD vient rendre visite à Christiane, la dernière membre encore en vie du « réseau Comète », qui a permis l’exfiltration de pilotes alliés vers l’Espagne pendant la seconde guerre mondiale. Avec un groupe de résistants du pays basque, elle a jadis aidé à récupérer les soldats qui sortaient des trains et avaient réussi à franchir les contrôles, pour les emmener sur les chemins des Pyrénées où un passeur les guidait vers le Sud. Ils pouvaient alors retrouver leur armée et reprendre le combat. Dans la nuit sur les chemins de montagne il ne fallait pas parler, ni fumer, ni même tousser, car on pouvait tomber sur des patrouilles allemandes, ou des douaniers français qui collaboraient avec l’occupant. Parfois, les fuyards étaient rattrapés et leurs corps sans vie ramenés par les allemands servaient d'exemple sur la place d’un village. Mais chaque fois qu’un pilote qui avait du abandonner son avion en Belgique réussissait à traverser la France vers l’Espagne pour revenir au combat, tout le réseau était fier d’avoir pris part à la Résistance.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christiane est une forte personnalité. L’auteur nous le montre avec humour en expliquant comment elle l’a fait travailler avec elle pour préparer un plat traditionnel pendant qu’il enregistrait leur conversation. Elle n’avait que quatorze ans en 1943, mais elle jouait de son statut d’enfant pour servir de contact discret aux hommes qu’il fallait récupérer à un point de rendez-vous sans attirer l’attention. Les aller-retours entre les villages basques pendant la guerre et la cuisine de la vieille dame en 2021 sont un excellent moyen de cerner le caractère de l’héroïne, modeste sur la forme mais consciente de son statut d’actrice témoin d’une période de l’Histoire qui demandait un courage extraordinaire. Celle que la presse locale appelle encore « la petite messagère du réseau Comète » doit adorer l’image pimpante et impertinente que Jean-Yves le Naour et ses dessinateurs donnent d’elle. Elle a visiblement l’habitude de raconter ses souvenirs, qui mélangent les scènes drôles qui se déroulent au nez et à la barbe des soldats allemands, et les moments de drame qui ont frappé le réseau mis à mal, mais toujours opérationnel. Un beau témoignage, plein de beaux sentiments au premier degré... Mais c’est ce que mérite la résistante courageuse devenue une vieille femme qui parle pour l'histoire.
