L'histoire :
La jeune Déborah arrive pour son premier jour de stage vétérinaire dans un zoo unique, qui ne présente que des espèces disparues. Mais à l’origine, Deborah ignore cette particularité… Aussi est-elle abasourdie lorsque le chef animalier Lenny lui fait faire sa première visite. Elle tombe en premier sur un dodo, un volatile de l’île Maurice totalement éteint depuis le XVIIème siècle. Mais elle n’a pas fini d’être stupéfaite, car elle enchaine ensuite avec un thylacine (alias tigre de Tasmanie, un chien zébré avec une poche comme les kangourous), un rhytine de Steller, une tortue géante de Pinta, un ours des cavernes, un Aepyornis maximus (une sorte d’autruche de la taille d’un éléphant)… Elle finit par tomber dans les pommes en cours de visite. Puis au fil des jours, Deborah prend l’habitude de ne croiser que des espèces éteintes. Elle remplit alors son lot de tâches quotidiennes, en découvrant tour à tour les particularités des espèces. Par exemple, en nourrissant le cerf de Shomburck, elle apprend que cet animal a légué à l’humanité plus de 400 bois, auxquels on attribuait des vertus médicinales, d’où sa chasse et son extinction. C’est sans doute pour cela qu’Ernold, le balayeur un peu idiot, tente de sniffer ses bois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Zoo des animaux disparus s’inscrit dans la veine de BD gaguesques et didactiques de Bamboo, « Apprendre en s’amusant » (au côté des Insectes, des Animaux marins, des Dinosaures, de l’Histoire de France, des Petits Mythos…). Et comme très souvent chez Bamboo, c’est à Christophe Cazenove qu’échoit le difficile exercice de trouver les ressorts humoristiques qui se marient avec le sujet – ici les particularités desdites espèces disparues. Parmi ces dernières, la BD s’inaugure avec le plus célèbre d’entre eux, le Dodo (qui parait-il, était vraiment très stupide). Mais aussi, entre autres : le Tretretretre (un lémurien de Madagascar), le bilbi (un rongeur qui ne buvait pas), l’O’u (un petit oiseau d’Hawaï), le crocodile néo-calédonien (qui détestait l’eau !)… et bien d’autres, avec pour chacun leurs particularités majeures. Le pluralisme et les vraies infos apportées prouvent les réelles recherches menées par le scénariste. En revanche, le degré humoristique laisse vraiment à désirer… On ne rit jamais vraiment devant ces ressorts soit convenus, soit pas drôles (la pièce aux mégaladapis). En outre, la série comporte un hiatus d’importance : à aucun moment l’album n’explique comment ces espèces disparues peuvent exister dans un zoo contemporain (a contrario de Jurassic Park, par exemple, qui commence par expliquer que du sang de dinosaures a été trouvé dans des moustiques coincés depuis des millions d’années dans de l’ambre). Et pour cause : ce zoo est un paradoxe, impossible à justifier : s’il existe, c’est que les animaux n’ont pas disparus… Donc hop, on met cette justification sous le tapis et on apprend beaucoup plus qu’on ne s’amuse. La vocation écologique de la série est efficiente, sans être pénible sur le plan militant. Ça serait en effet quand même pas mal qu’à l’aune de notre savoir et de nos capacités techniques, on évite de faire disparaître des espèces. Une dernière limite nous semble probable : cette série se déclinera-t-elle à d’autres recueils de gags, étant donné le peu de documentation sur les animaux éteints ?