L'histoire :
On peut être le plus galant des hommes, éprouver 10 fois par jour son respect des femmes et clamer son amour de la poésie… On n’en reste pas moins capable de gueuler à tue-tête avec les copains des « Rosalie, t’as pissé dans ton lit... » ou des « Chantal t’as mis ton doigt dans mon… » voire des « Avec la femme à Nèche, on a bien rigolé, elle a montré ses Tètches ! ». Une seule raison à tout ça : être gagné par la fièvre du Carnaval de Dunkerque et sentir monter une terrible envie de « chahut ». Mais avant toute chose, il fait se préparer. Et d’abord trouver un « cletche », c'est à dire un déguisement. Le mieux, c’est de se le faire au naturel. Et pourquoi pas décider de se déguiser en femme, en piquant à chacune de ses conquêtes féminines, un petit morceau de leurs parures : de la petite culotte au vison (et sans lavage), ça sent directement le vécu. Ensuite, il restera à trouver un guide, un habitué de l’événement. S’il se débrouille bien (en magouillant pour que sa femme qui vient d’accoucher reste un peu plus longtemps à l’hôpital), il pourra « faire la bande » avec vous. De quoi prendre vos premiers galons de Carnavaleux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand deux auteurs de bandes dessinées dunkerquois se rencontrent, il y a de fortes chances pour qu’à un moment ou un autre, le fameux Carnaval de la ville s’invite dans la conversation. Et du reste, Hervé Richez et Bloz poussent le bouchon (de ce que vous voulez…) un poil (de ce que vous voulez…) plus loin, en commettant un album chargé de faire goûter aux néophytes l’ambiance de l’événement et aux aficionados de s’y retrouver totalement. Décliné en une quarantaine de saynètes, l’ensemble joue les guides, animé par une volonté humoristico-didactique et surtout confié à moult anecdotes qui sentent le vécu (et parfois un peu la bibine ou le poisson). Il y a des rituels incontournables, comme le jeté de harengs depuis les balcons de la Mairie, l'hommage à Jean Bart… Et pour rythmer joyeusement la partie, le choix du déguisement, les chansons grivoises et colorées, les coutumes (« faire chapelle » ; « pratiquer l’intrigue », manière de se saluer…), des combines pour « faire la bande » sans froisser bobonne. Ces séquences démontrent fièrement l’incroyable sens de la fête de ces Carnavaleux guidés par l’unique envie d’être heureux et de se défaire de tout carcan social. Baladés par les bons Pichelour et Nèche (qui fait son premier Carnaval), on se laissera plutôt agréablement divertir en goûtant en bonus aux savoureuses pépites linguistiques made in Dunkerque – et pour lesquelles le lexique en fin d’opus est plutôt bienvenu. Bref, si après ça vous n’avez pas envie d’enfiler directement un « cletche » pour chopper au vol des « klippers » et « faire de bons chahuts », le Carnaval de Dunkerque n’est définitivement pas fait pour vous.