L'histoire :
Hiver 1912, quelque part dans la campagne française…Pendant que certains tentent avec infortune de s’en échapper, d’autres arrivent aux « Marronniers », une colonie pénitentiaire agricole pour délinquants juvéniles. Ils sont quatre : Honoré Bonnot (qui se dit le fils d’un certain Jules…) ; Adrien Pointet (un rouquin timide et sensible) ; Miguel Agostino (un taiseux sympa) et Jean Marguin. Tous ont été confiés « aux bons soins éducatifs » de l’institution pour de menus larcins, violences ou mœurs vicieuses. Accueillis par le directeur et le surveillant Jacquart, ils ne tardent pas à intégrer les règles de leur nouvelle « famille » : costume en toile rêche ; galoches en bois, boule à zéro et droit de la fermer… Mais le pire reste à venir, lorsqu’ils découvrent que leur statut de « bleus » les met sous la tutelle d’un autre colon : le violent, sadique et vicieux Gourdin. Honoré est, quant à lui, bien décidé à ne pas se laisser faire et il compte mettre dans sa poche certains anciens : il leur promet de faire partie du voyage lorsque son père viendra bientôt le récupérer. Adrien a par contre du souci à se faire, il semble devoir devenir un souffre-douleur idéal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sa nouvelle série, l’auteur de L’envolée sauvage, de L’enfant maudit ou encore du cahier à fleurs retrouve cette première moitié du XXe siècle qu’il affectionne particulièrement. Ici, le récit se développe en 1912, au cœur d’une colonie pénitentiaire, sorte de bagne pour enfants « délinquants » ayant la charge de leur rééducation. Ces centres fermeront après guerre, faute d’efficacité probante… (mais on en voit réapparaitre quelques rejetons, depuis peu, via les centres éducatifs fermés pour jeunes mineurs délinquants). Bref, ici, ce sont quatre gamins, rapidement attachants, qui ont la charge de nous faire humer les relents de cet univers cloisonné et, de fait, particulièrement intriguant. Violence, méchant personnel, loi du plus fort, brimades, conditions de vie minimales… en constituent le décor « clichesque » mainte fois déroulé sous nos yeux. Mais intelligemment, Laurent Galandon ne force pas le trait, préférant nous accrocher aux pattes de Jean, Honoré, Miguel et Adrien. Et ça marche dès les premières planches, grâce à une narration particulièrement dynamique et un sens du dialogue inné. En effet, en dehors de l’intrigue-fil rouge liée à Jean (un gros clin d’œil à Prison Break, voulu et parfaitement dans le ton), le scénariste multiplie les centres d’intérêts via la personnalité et l’histoire de chacun des 3 autres protagonistes principaux. Bref, une excellente mise en place, avec juste ce qu’il faut de cliffhanger final et de rebondissements pour nous allécher ou nous faire miroiter le revers de fortune imminent. Au dessin, Anlor livre, pour sa première BD, un travail d’excellente facture. Même si l’on regrette (mais c’est affaire de goût) le choix de cette colorisation informatico-lissée, l’ensemble joue admirablement dynamisme et mouvement. Enfin, la manière de cadrer les héros n’est certainement pas étrangère à notre immédiate affection pour la série...