L'histoire :
Nerveux comme pour un premier flirt et paré de son habit de lumière (un pantalon velours marron-pas chouette et une veste vert-pas belle…), le nouveau prof pénètre dans le sanctuaire de son nouvel établissement. Un molosse aux crocs malpolis et un cerbère kaki braillard le conduisent dans l’antre d’une salle des profs aux abois : les nouveaux emplois du temps n’ont pas encore été distribués. Le sien, privilège de nouveau, est plutôt gratiné mais ses collègues ne tardent pas à le rassurer : travail harassant ne permettant pas de tenir plus de 15 jours ; grève le 12 ; mauvais élèves et machine à café en panne, le contraignent définitivement à prendre ses jambes à son cou… Pour Polochon, le prof d’Histoire, cette rentrée est un véritable choc. Pensez donc ! Sa salle de cours est entièrement équipée de mobiliers neuf et clinquants : une crise panique qu’il n’avait pas eue depuis plus de 20 ans ! Le CPE, quant à lui, se livre en cette rentrée à une drôle de gymnastique dans la cour de récréation. Étirements, poirier… bref, tout ce qui lui permettra, sur les conseils de son médecin, de ne plus s’énerver. Il faut dire que c’est bien difficile lorsqu’il doit demander quelque chose à Gégé, le pion… Des raisons de perdre leur calme, ils n’ont cependant pas fini d’en trouver nos profs : Boulard, le cancre, est lui aussi de retour. Et pire : le catalogue de la Camif a tristement disparu !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Usant du cliché sans vergogne, magnant le gag-une planche comme des grands, Pica et Erroc rendent une nouvelle fois leur copie, méritant la moyenne mais pas la mention. En choisissant pour ambulance notre sacro-saint corps enseignant, nos deux auteurs ont tiré juste : qu’il est bon, en effet, de torturer le barbu à pipe, le syndiqué pas marrant, la bombasse à mini-jupe ou l’inventif tire au flanc. Tellement jouissif de pouvoir à son tour les humilier, car rare sont ceux qui ne gardent pas une quenotte contre celui qui, à moment ou à un autre, leur a pourri la journée. Enfin, avouons-le : c’est tellement bon de pouvoir les observer « encasés » dans des planches, se débattre dans l’exercice de leur profession ou mieux, dans le « off » de ce que nous n’avons jamais vécu. Cerise sur le cartable, pour peu qu’on soit familier de cet univers grouillant (cancre, élève studieux ou enseignant), on sourit de situations à peine éloignées de la réalité : à se demander si les clichés véhiculés depuis des générations en sont réellement. Mettant en scène des personnages récurrents (et symboliquement représentatifs), le trait de Pica se régale de mimiques parfaitement complémentaires de la situation gaguesque proposée. Avec 12 albums, il faut cependant reconnaitre que les auteurs peinent un peu à se renouveler. Néanmoins, tout âge confondu, on se laisse facilement attraper par ce petit divertissement qui, loin d’être essentiel, est une bonne récré.