L'histoire :
Lorsqu'un soir, Chloé annonce à sa maman que son petit ami s'appelle Abdelaziz, Catherine réagit très mal, considérant que dans la France d'aujourd'hui, sa fille aurait pu éviter de tomber amoureuse d'un musulman. Fort heureusement, son mari Michel rentre du travail au même moment, et il réagit tout à fait différemment. Il connait le gamin, qui est très sympa, et dont les parents tiennent le pressing du village. Mais la nouvelle est difficile à digérer pour la maman, même si ses collègues, dont Kader à la machine à café, se moquent un peu de ses peurs irrationnelles. Chloé ne s'en offusque pas outre mesure et, très vite, son petit ami vient la chercher un soir pour sortir. Il reste quelques minutes à l'invitation de Michel pour boire un verre et faire connaissance. Quelques jours plus tard, ce sont ses parents qui sont invités à déjeuner, Rachid et Kadija partagent avec Catherine et Michel des propos sur l'éducation des enfants, mais aussi des souvenirs d'enfance devant la télévision, à regarder Cabu dans Récré A2. Pourtant, la mère de famille ne renonce pas à son projet de mettre fin à cette relation, tente de limiter le temps libre de sa fille, espère que la moindre dispute entre les deux ados sera l'annonce de la rupture. Les relations avec sa Chloé deviennent très tendues. Jusqu`à ce soir de la Saint Valentin, où tout va basculer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
David Ratte continue son chemin d'auteur complet avec, cette fois, un récit chez Grand Angle, la maison qui héberge les histoires contemporaines de Jim, une influence évidente pour cette belle histoire anti-raciste. Les clins d’œil à l'auteur d'Une Nuit à Rome sont en poster sur les murs de la chambre de Chloé, ou dans le livre que Catherine tient dans ses mains un peu plus tard. Ratte démarre son histoire sur un ton très bien pensant, à la limite de la naïveté, avec ce personnage de mère de famille au racisme ordinaire nourri des clichés les plus affligeants. On se demande si l'auteur va poursuivre sur ce ton un peu simpliste, avant qu'une scène inattendue transforme complètement les enjeux de son histoire. Une belle habileté scénaristique, même si le ton général un peu didactique persiste dans l'ensemble du livre. Son dessin, qui reste semi-réaliste, perd tout côté caricatural. Il montre par ailleurs un joli souci du détail dans quelques beaux paysages en pleines pages. L'album se dévore grâce à un vrai sens du découpage et des changements de rythme très réussis. Et si le message paraîtra un peu bien pensant pour certains, quelques scènes portent un beau message de tolérance. Ce qui ne fait vraiment pas de mal à notre époque, mon bon monsieur, et ma bonne dame.
