L'histoire :
Sur les hauteurs d’Hollywood, dans la villa cossue de son riche paternel, directeur de la branche pharmaceutique du Need Consortium, Istelle s’ennuie à en mourir. Seules les petites pilules de toutes les couleurs et les injections intraveineuses que lui fait sa sœur Sania rendent, le temps de leur effet, les choses plus simples : elle est même capable de supporter la présence de Jenny et de Lucas, deux autres richissimes étudiants amis de sa sœur ainée. Il y a bien aussi cette ingénieuse technologie mise à leur disposition par la société de leur papa qui permet d’espionner son voisin jusque dans son intimité. Voire mieux encore : ces procédés permettant de revivre l’épopée d’Autant en emporte le vent ou pourquoi pas d’habiter le corps d’une belle asiatique qui manierait le cutter sur un corps obèse et répugnant. Tout ça reste possible, à condition de ne pas faire ombrage aux activités du papounet. Pensez ! Le monsieur négocie l’avenir du Monde avec les puissances internationales : sa société a mis au point un procédé révolutionnaire permettant de contrôler la reproduction de l’espèce humaine. Et pourtant l’ombre ne va pas tarder à arriver de tous les cotés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Même contexte social futuriste, mêmes lieux, mêmes protagonistes et surtout déroulement connexe de l’action : ce nouveau forfait du tandem Marie/Goethals se révèle des plus savoureux, surtout lorsqu’on s’est déjà agréablement laissé faire par Ceci est mon corps, le précédent. Certes, le montage dynamique et haletant du scénario de ce « nouveau » diptyque, n’aurait pas tardé à nous absorber, mais toute la saveur du récit vient de l’extrême complémentarité des 2 « séries ». Car en effet, un peu comme dans le Quintett de Franck Giroud ou même les Uchronie[s] d’Éric Corbeyran, ce tome 1 entrecroise habilement sa trame avec celle de Lumière crue : on retrouve avec jubilation, sous un angle narratif différent (celui d’autres protagonistes), des événements similaires. Damien Marie nous dévoile alors avec malice ce que nous n’avions pas vu, en nous abreuvant de nouveaux mystères. Néanmoins, le contexte d’anticipation (la jeunesse sexy-dorée, la came en grosse boîte de pilules multicolores, le jeu consistant à se retrouver dans le corps d’un hôte ou à se balader dans un monde virtuel…), qui sert à nouveau de décorum, a un effet moins happant que sur le premier dytique. On se satisfait en revanche de révélations plus touffues et de rebonds particulièrement adrénalisant (pas moins de 2 cliffhangers en conclusion) : les intentions tentaculaires du consortium Need sont beaucoup plus détaillées, le rôle de l’agent fédéral Faller semble plus ambiguë qu’on ne l’imaginait, le mystère de la « disparition » des belles Istelle et Sania nous tient en suspens. Une déclinaison qui, à l’instar du graphisme, se révèle dynamique et judicieuse, pour une série d’anticipation pouvant encore distiller de bonnes surprises.