L'histoire :
Parmi les étapes initiatiques de la vie, de celles qui mènent sur la voie de la sagesse et de la maturité, Sti se souvient particulièrement de son premier barbecue. Dans la boutique de bricolage, côté jardin, il fait la comédie à sa compagne pour qu’ils deviennent les heureux propriétaires d’un rutilant Wiber, la Rolls des barbecues. Ils achètent aussi des tonnes d’accessoires, dont 95% en trop. Puis vient le moment du premier usage… Hélas, malgré les 12 allume-barbecues et les 8 litres d’alcool à brûler, la braise refuse de prendre. A tout hasard, et puisque ça a l’air tiède, sa compagne place toute de même les merguez sur la grille. En quelques secondes, avec les petites gouttes de graisse qui viennent aviver les braises, c’est une immense flambée qui carbonise les merguez. Trop tard, Sti balance des tonnes de flotte pour éteindre l’incendie. Résultat : c’est cramé et trempé à l’extérieur – et pas cuit à l’intérieur. En un mot : immangeable. Lors de son premier barbecue, Sti s’est donc fait livrer des pizzas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture est un bon résumé de tout ce que le scénariste Sti se souvient de manière caricaturale et humoristique avoir utilisé ou pratiqué pour la Première fois, au sein d’une vie contemporaine lambda, à travers les différents âges qu’il a traversés. La moto, la guitare, le paint-ball, le pinard, le barbecue, le patinage sur glace… Le concept humoristique de gags en une planche est typique de ce qui se publie régulièrement chez Bamboo ou Vent d’Ouest, et il a le potentiel à pouvoir être réitéré sans saturation (en outre, il est noté « tome 1 » sur la tranche). On l’espère, en tout cas, car il est réalisé avec talent par un duo d’auteur en parfaite maîtrise du registre comique. Le dessin de Juan, qui a fait ses classes sur Rat’s ou Paddock, révèle tout l’héritage d’une ligne franquinienne digérée et dynamique. Il semble à l’aise sur toutes les primo-pratiques qu’affronte son protagoniste, une caricature attachante de son scénariste, Sti. Or l’avantage du concept, c’est que les gags risquent un minimum de se répéter, puisqu’il s’agit précisément de l’envoyer se confronter à des situations inédites. Ajoutez à cela que Sti est sans doute ce qui se fait de meilleur en matière de gagman et que ses premières fois sentent souvent l’authenticité, au point de convoquer chez les lecteurs de réels souvenirs de leurs propres premières fois. L’auteur a une propension à varier les ressorts, à pratiquer l’autodérision et à savamment faire avancer sa chute de manière masquée. Résultat : on se bidonne. Vraiment.