L'histoire :
Jean-Paul et Hélène, mari et femme, travaillent tous deux au sein d’un hôpital psychiatrique du sud-ouest de la France. Aujourd’hui, c’est jour de balade en mini-bus pour six pensionnaires, à la découverte des châteaux Cathare. Parmi eux, il y a Mr Cèbe, qui ne sait dire que deux mots, en boucle : nuit, jour. Mlle Elise, qui ne s’exprime que par jurons, de la pire espèce. Mlle Léa qui se rend à chaque instant malade à en vomir, pour un rien. Mr Léon, qui se croit aveuglé par la simple lumière du jour. Mr Karl, totalement mutique et passif. Mlle Pomme, qui croit être un boulet, ou la responsable de tous les maux de la Terre. Il ne manque plus que le chauffeur du car, qui se fait curieusement attendre. Jean-Paul et Hélène croient devoir annuler, lorsqu’un jeune chauffeur arrive enfin, prénommé Igor. Il explique que le chauffeur habituel, Pascal, souffre d’une intoxication alimentaire, et qu’on l’a envoyé le remplacer au pied levé. Jean-Paul reste dubitatif quant à la personnalité de ce jeune homme aux cheveux hirsutes, à boucle d’oreille, qui semble accro au smartphone et qui plaisante sans cesse… Mais ses explications sont cohérentes et il sait conduire un bus. La troupe part donc sur les routes du sud-ouest, vers la première étape. Mlle Léa vomit aussitôt sur la banquette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après L’amour est une haine comme les autres, Road therapy est déjà la deuxième collaboration entre (Stéphane) Louis (au scénario) et Lionel Marty (au dessin). Le duo d’auteurs nous emmène cette fois à la découverte des châteaux cathares, mais dans une ambiance Vol au-dessus d’un nid de coucous. C’est-à-dire en thérapie psychiatrique de groupe, lors d’un voyage en bus pour des patients (pardon, des pensionnaires) inoffensifs, mais souffrant de pathologies mentales lourdes. L’une profère des jurons, l’autre vomit sans cesse, la troisième culpabilise de tout… Louis s’est visiblement bien documenté sur les traitements accordés aux patients et les formes possibles de leurs dérèglements. Or un grain de sable se glisse dans ce projet thérapeutique bienveillant : le chauffeur du bus. Le lecteur comprendra dès son apparition qu’il n’est pas un modèle du genre ; il comprendra aussi qu’on n’en révèle pas plus à ce sujet pour maintenir le suspens. L’intrigue consiste à cerner le secret et l’objectif de ce chauffeur, ponctuée par les réflexions et comportements décalés et amusants des malad… pensionnaires. En outre, le décor est très agréable : les palabres occupent certes 80% de la narration, mais ils se font sur fond météo estival, de jolies routes accidentées et de sympathiques panoramas cathares en arrière-plan. Ce one-shot original nous immerge dans la sphère souvent méconnue de la psychiatrie, en parvenant à faire sourire des pathologies et en teintant légèrement le tout d’une ambiance de thriller. Finement joué.
