L'histoire :
Mahmoud a mis en évidence des points communs entre les difféents attentats perpétrés par des Shahidas, femmes martyres qui commettent des actions terroristes. Ayant mis la main sur des cassettes vidéos montrant les jeunes femmes en arme juste avant de passer à l'acte, il n'a pourtant pas pu empêcher les dernières explosions, ni leurs cortèges de victimes. Soupçonné par sa hiérarchie de sympathies avec les terroristes, en raison de ses origines palestiniennes, il ne peut plus compter sur l'appui de ses collègues policiers. Lorsqu'il découvre une vidéo avec sa propre femme en tenue de Shahidas, ses certitudes sont doublement mises à mal. Tamimi ne serait donc pas morte en victime d'un attentat, mais en terroriste porteuse de bombes ? Persuadé que cette possibilité est exclue, Mahmoud se convainc alors que sa femme est encore vivante et il part à sa recherche. Pour cela, il confie sa fille Yasmina à son grand-père professeur d'université et se rend en Cisjordanie. Sur le chemin de la vérité, il va découvrir que chacun des membres de sa famille cache un profond secret, que l'origine de la violence se niche parfois dans le quotidien le plus banal. Et il va tenter d'éviter le pire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laurent Galandon continue son étonnant travail de scénariste atypique, abordant frontalement des sujets peu faciles. Il faut en effet pas mal de culot pour oser situer un polar dans les milieux terroristes égyptiens sans tomber dans les clichés ou la caricature. C'est pourtant avec une grande finesse dans la description des personnages que le scénariste parvient à nous accrocher à cette aventure en deux tomes, grâce notamment à un remarquable personnage principal. Mahmoud est en effet un homme attachant, cachant sous ses apparentes certitudes une part de doute que le lecteur ressent. On est plein d'empathie pour cet homme qui voit tous ses repères bousculés, mais garde en lui un espoir plus fort que tout. Chaque dialogue sonne juste, que Mahmoud soit en prise avec ses collègues ou qu'il discute de l'éducation de sa fille avec son beau-père. Et même si Galandon dépeint avec précision l'embrigadement de jeunes femmes désespérées par des terroristes habiles, il le fait toujours avec des touches de réalisme et des situations humainement crédibles. Beaucoup de brio chez ce talentueux raconteur d'histoires, bien servi par le dessinateur efficace Frédéric Volente, au trait nerveux et précis, sans fioritures ni volonté d'impressionner le lecteur. Shahidas est une nouvelle réussite pour un auteur qui, depuis la révélation de L'envolée sauvage, a su imposer un style unique, fait de sensibilité et de maîtrise.
