L'histoire :
Le torpillage du Lusitania, en Mai 1915, et la mort de plus de 1000 passagers, a de toute évidence été orchestré par des services spéciaux qui visaient, a priori, à forcer l'entrée des Etats-Unis dans la guerre mondiale en cours. L'armateur Vanderbilt a survécu, ainsi que le commandant Turner, mais aussi le matelot Michael Morrisson et son amie Shan, fille du cuisinier. Alors que le conflit armé approche de sa fin, Virginia vend ses charmes dans un bordel du Havre, utilisant chaque occasion qui se présente pour se venger de la disparition de Dalton, le pianiste prodige qu'elle avait rencontré lors de la traversée. Elle endort puis noie les soldats allemands qui montent dans sa chambre, ivre d'une colère intarissable. Lorsque Vanderbilt retrouve en Angleterre le commandant Turner, ils évoquent ce qu'ils savaient du sabotage du bateau et des manœuvres réalisées pour l'exposer au sous-marin allemand qui surveillait les eaux anglaises. Ils apprennent qu'un dénommé Tower avait avoué au commandant que des munitions et des explosifs étaient présents à son bord. Les deux américains pensent alors qu'ils ont une chance de rétablir la terrible vérité sur le naufrage. Ils vont tenter de rassembler des survivants pour mener une contre-enquête. Mais sur les bords de la Tamise, Tower tombe dans un piège...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est Jack Manini, pour la première fois en solo, qui mène a bien la conclusion de cette trilogie relatant les dessous du naufrage du paquebot Lusitania en 1915. Les premières pages de l'album sont denses et rythmées, mettant en selle chacun des survivants du naufrage quelques années après les événements. La tension monte efficacement, jusqu'aux retrouvailles du groupe, qui va passer à l'action. Les personnages ont sensiblement évolué depuis le tome précédent, la dureté qu'ils ont acquise étant très bien rendue par la mise en scène de leur vie en 1918. Couler le navire au tome 2 fut finalement une bonne idée, si l'on peut dire, puisque ce qui n'aurait pu être qu'un récit catastrophe se trouve prolongé d'une enquête mâtinée de vengeance. Le trait classique de Manini convient parfaitement à la tonalité historique du récit, qui est mené à terme de manière très construite. L'hypothèse développée par les scénaristes sur un naufrage dont les raisons restent débattues aujourd'hui est plutôt habile. La construction autour de cette idée cynique, mais tellement probable, ainsi que d'une galerie de personnages forts, participe à la qualité de ce récit, qui est une des meilleures productions du duo initial de scénaristes Cothias/Ordas.
