L'histoire :
Mehdi et Albane, Antoine et Stéphanie, deux couples de jeunes français, embarquent à Roissy pour quelques vacances sur un littoral grec. Ils sont en retard, mais parviennent in extremis à monter dans un avion… quasiment vide. A bord, on leur sert une nourriture pas vraiment de première fraîcheur. Albane descend malade sur le tarmac de l’aéroport. Ils se rendent ensuite à la boutique délabrée qui doit leur louer une voiture et ils écopent d’un véhicule largement défraîchi. Bref, enfin leurs vacances peuvent commencer. En suivant un guide touristique un peu trop vieux, auquel la couverture a été déchirée, ils font route vers l’Eden Hôtel, une « pension tenue par un couple de jeunes artistes charmants ». Durant le trajet, il leur faut s’arrêter régulièrement pour laisser Albane vomir. Au bout, ils découvrent un village fantôme, quasi en ruines. Ils manquent toutefois d’y écraser une vieille folle qui se met en travers de la route… et les invite, toute joviale et édentée, à pénétrer chez elle. Elle parle dans une langue qui leur inconnue mais se fait insistante : elle monte leurs sacs dans leurs chambres, leur fait leurs lits… Les quatre français ne sont guère convaincus par la décharge à ciel ouvert qui jouxte la maison, mais ils sont fatigués de leur périple et la pastèque sur la table a l’air appétissante. Ils se laissent convaincre. Les jours qui suivent leur feront regretter cette décision…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De jeunes gens qui partent pour des vacances de rêves, mais qui se transforment en cauchemar : ce (premier) tome de Pandora beach mélange allègrement plusieurs sous-genre du registre horrifique, entre le slasher, le survival et le torture porn. Le scénariste Eric Borg aime décidément les plages paradisiaques tourmentées, car cette histoire se situe dans un registre proche du diptyque Rocher rouge. Il entretient ici d’emblée savamment les non-dits : la destination grecque n’est jamais explicitement désignée, le passif et les rapports entre les protagonistes sont totalement occultés… Le lecteur est obligé de se laisse porter par les évènements inquiétants tels qu’ils lui arrivent dans les pattes. Le procédé a déjà fait ses preuves en matière de suspens : on ne sait jamais si tel ou tel détail fâcheux ne va pas devenir un gouffre tragique. Et l’angoisse sourde imprègne tout du long la lecture de cette aventure contemporaine dénuée de fantastique (vraiment ?), ponctuée de moment forts (les chiens, le final…). Une vague approche politique pointe aussi de manière sous-jacente à travers les conséquences économiques désastreuses de la crise grecque sur les populations rurales… Mais Borg sait ne pas trop insister sur ce plan : Pandora beach reste avant tout un thriller de genre. A l’aide de son dessin semi-réaliste parfaitement maîtrisé, Alex Talamba marche donc quant à lui dans les pas des précédents collaborateurs de Borg, jouant tantôt sur les ambiances sombres, tantôt sur leurs contrastes baignés de soleil. La mise en scène cinématographique se montre pleinement efficace. Dans un dossier annexe présentant les origines, le making of et l’auto-édition « crownfundée » sous le label Bigfoot, Borg nous annonce qu’une suite est d’ores et déjà en préparation chez Sandawe… Chic !