L'histoire :
Ville Ranta se rend dans le nord de la Finlande, pour retrouver ses vieux amis avec lequel il a fait partie de l'équipe éditoriale d'un journal alternatif quelques années plus tôt. Il constate cependant que le temps n'a été bienveillant avec aucun d'entre eux. Il a du mal à ne pas voir que leurs défauts. Avec l'âge, l'être humain deviendrait-il sa version la plus médiocre, la plus faible et la plus laide ? Pas sûr que leur passion pour la boisson, bière ou vin, n'arrange quoi que ce soit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ville Ranta est publié depuis déjà 2006 aux éditions Çà et là, avec Papa est un peu fatigué au milieu de quatre autres albums, mais aussi Celebritiz avec Lewis Trondheim aux éditions Dargaud. Sans doute n'est-il pas inutile de remettre en lumière le talent de cet auteur finlandais de 46 ans. A l'aide d'un trait lâché mais évocateur, à la Joan Sfar, qu'il colorise en monochromie rouge à l'aquarelle, il dépeint, à l'aide de peu de dessins – de un à quatre maximum sur chaque page, auquel il ajoute textes off et dialogues – ses aventures autobiographiques à peine romancées ou exagérées. Ce quotidien, dans lequel ressort une culture finlandaise assez particulière, puisqu’issue d'une communauté de copains un peu « à la marge », dévoile pourtant une grande expérience de la narration. Dès l'ouverture, malgré une méconnaissance des personnages et du contexte, on entre très facilement dans l'histoire de ce retour aux sources un peu désenchanté. N'empêche, si l'on sent bien la critique à peine cachée d'une société où s'affrontent la communauté anarcho-écologiste alternative des amis de Ville, et le reste du monde où le capitalisme a posé son joug, on rigole des situations rocambolesques provoquées par ses amis. Mais d'un rire jaune, car tout cela reste vécu. L'alcool ingurgité pour diverses occasions, toutes aussi bonnes ou foireuses les unes que les autres, n'étant qu'un élément parmi d'autres, soudant à peine les amitiés. Ce récit soulève beaucoup de questionnements, culturels et sociétaux, et c'est bien ce qui fait sa force, en plus d'un ton léger accrocheur au possible. Un breuvage très goûteux !