L'histoire :
Aujourd’hui lundi est un jour particulier pour Abigaël Martini, un grand jour ! La demoiselle a toujours eu un appétit d’oiseau mais ce matin, il lui est encore plus difficile d’avaler quelque chose. Enfant unique élevée par une mère juge absente, elle s’apprête comme un pieds de nez à faire ses débuts de policier… policière ? Commissaire, s’il vous plaît ! Enfin, dans désormais 365 jours, parce qu’elle n’est pour l’instant que stagiaire. Après s’être fait une beauté, la jeune femme franchit le cordon de CRS entourant le commissariat et se présente à l’accueil : une chance, elle s’est trompée d’affectation, elle est affectée au 17e, district 78, c’est plus calme là-bas. Le commissaire Kaskol la reçoit en l’ignorant superbement. Qui déjà ? Abigaël Martini ? La fille de la juge Martini ? Peu lui importe, qu’elle fasse du bon boulot et il oubliera son nom. Et pour commencer, qu’elle disparaisse ! Cela sent le roussit sur le périph’, un homme s’est tué, son rapport est attendu demain matin à la première heure sur son bureau. Accident ou meurtre prémédité ? Sur place, Abigaël flaire d’emblée le gros coup, sûre qu’il fera l’actualité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette enquête n’a ni queue ni tête, du moins jusqu’à ce que l’on en apprenne le fin mot. Et pourtant elle passionne. Dans un roman de gare, un pur polar dans la grande tradition du roman noir français, c’est souvent moins l’intrigue qui prime que l’atmosphère suggérée. Nouvelle venue dans l’univers BD, Abigaël Martini fait une entrée remarquée et annonce la couleur : N/B donc, mais aussi savoureuse et clichée. Dans un milieu macho, la jeune stagiaire dépareille et déménage. A l’instar de son supérieur hiérarchique, le débonnaire Kaskol, le lecteur sceptique au début en est tout retourné, convaincu à la sortie de tenir quelque chose, quelqu’un. Idéaliste et débordante d’énergie, Abigaël ne ménage pas sa peine, remuant ciel et terre pour ce qu’elle espère être sa première grosse « affaire ». La fleur au fusil, elle fouine, interroge à Marseille, à Paris et démêle « un lourd enchevêtrement de vies misérables et de magouilles minables ». Bref, elle baigne dans la misère humaine jusqu’au cou. Y’a-t-il du Adèle Blanc-Sec chez notre héroïne ? En tout cas, le tempérament y est (le fantastique laissé en chemin). Servi par un trait dynamique et délié, parfaitement en phase avec une narration parfois bavarde mais prenante, cet album vaut bien un détour. A suivre ? Avis à tous les amateurs du genre…