L'histoire :
Paris en été. Ses places et ses rues désertes. Désertes ? C’est que l’heure est matinale, même pour une visite de courtoisie. Accueillie chaleureusement par l’employée de maison, la petite demoiselle n’est pas venue rendre visite à Madame sa mère – bien trop occupée à envoyer les voleurs en prison – mais prendre quelques affaires. Un mot l’attend cependant, lui rappelant son rendez-vous matrimonial de la soirée. Passée par chez elle, dans sa chambrette tout juste emménagée, la commissaire stagiaire Abigaël Martini se rend ensuite là où est désormais sa vie : l’hôtel de police. Plongé dans la pénombre totale de son bureau, son supérieur Kaskol la reçoit le discours généreux et vert. « On a besoin de vous Martini ! On appelle à l’aide ! ». C’est la Canebière qui réclame encore. Ou plutôt la Pointe Courte, un de ses quartiers typés, qui crame ! Sitôt rentrée, sitôt expédiée. Abigaël (re-)fait ses valises et (re-)part à la mer. Elle obtient néanmoins de ne partir que le lendemain. Histoire de dîner en tête à tête avec son Roméo du soir, pour une fois point trop ennuyant, divertissant et… révolutionnaire ! Une bonne occasion de s’envoyer en l’air, quoi. Ses affaires enfin soldées en la capitale, la frêle demoiselle débarque sur la Pointe, reçue fraîchement par ses collègues locaux comme par les indigènes. C’est que leurs cabanons crament et ça leur met les nerfs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au sortir du premier tome, on savait déjà qu’un personnage était né. Du haut de sa vingtaine, frêle et gauche mais animée des meilleures intentions du monde, Abigaël Martini, commissaire stagiaire de son état, débutait ses enquêtes à l’accent méridional. Et dès les premières planches de ce deuxième volet, le lecteur sait aussi qu’il ne sera pas déçu, qu’il retrouvera les ingrédients qui l’avaient séduit et plus encore. Thomas Azuélos confirme en effet les promesses faites et se lâche vraiment, maîtrisant cette fois pleinement l’exercice de bout en bout. Roman de gare, polar N/B « d’époque », au graphisme délié comme à la verve haute, Abigaël Martini s’attaque à la misère humaine. Des blancs et des avalanches de palabres, des personnages – des gueules, des vraies ! – tel son supérieur Kaskol, le triptyque liberté / égalité / fraternité face aux maux de la société. C’est candide et cruel à la fois. Délicieux et retord jusqu’à la fin. Le vieux Marseille et son milieu étriqué offrent un décor de rêve à ce « cauchemar xénophobe » (comprendra qui lira). Bien malin qui résoudra, d’ailleurs, l’énigme avant la belle, tant le lecteur est ballotté avec elle. Pittoresque et d’un goût certain, cette série s’installe comme une excellente surprise. Enfin, de surprise il n’y aura plus. Poursuivez Mr Azuélos, votre public est conquît. Vive Abigaël Martini !