L'histoire :
L’élégant monsieur Pimus, 3 cm de haut, habite dans le trou de souris d’une plinthe. Rentrant chez lui, il rédige une liste de tout ce qu’il exècre chez la gente féminine et envoie ce courrier à son ami Pingoui. Intrigué par ce manège, Jean-Louis, le compagnon de Pimus, plus jeune et plus baraqué, se fait inquisiteur… De l’autre côté du jardin, Pingui, un volatile qui habite en haut d’un arbre, rentre chez lui après s’être saoulé la gueule en boîte de nuit. Il découvre la lettre, s’en fout comme de l’an 1000, puis il est accueilli par Gladys, sa mégère de femme. Une scène de ménage s’ensuit et Gladys fait ses valises. Le lendemain, Jean-Louis rencontre Bobby l’escargot, qui lui fait les yeux doux. Il lui confie ses problèmes de couples avec Pimus et termine sans son lit. Réciproquement, Pimus rencontre Gladys et lui révèle qu’il n’aurait rien contre une expérience hétérosexuelle. Le soir même, Pingoui drague une pute en boîte et l’emmène finalement à l’hôtel. Parallèlement à ces histoires de mœurs, l’ambitieux Jacques-André tente de percer dans le show-biz à l’aide de chansons engagées, aux paroles un peu obscènes. Le producteur Laurent se tâte sur son potentiel et accepte finalement de lui graver un disque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la vue de la couverture champêtre et colorée, ceux qui penseront que Patrick Pion et Gabriel Delmas se sont assagis en faisant de la BD jeunesse n’ont pas bien regardé : il y a une capote usagée qui flotte dans une flaque de décantation (si ça c’est pas d’la métaphore !). Et puis la 4ème de couv’ le dit bien : « une bande dessinée pour adultes ». Effectivement, passées les premières cases, on comprend vite qu’il vaut mieux éloigner nos chères têtes blondes de ce Monsieur Pimus pour le moins extravagant. Il s’agit ici d’une histoire de mœurs entre pédés mais pas seulement ; d’une histoire de talent ignoré par le strass system, mais pas seulement ; d’une allégorie aux multiples lectures, d’une quête de sens, d’un cri de désespoir, bref, de beaucoup de chose et de pas grand-chose. Car bien futés ceux qui comprendront tout ce que Pion et Delmas ont cherché à dire à travers cette chronique sociale douce-amère au parlé cru et au dessin enfantin. On grince, on sourit (jaune), on est choqué ou amusé… Que représente Pimus ? Que signifie ce petit peuple vivant au milieu des grands ? Pourquoi Jean-Louis trompe t-il Pimus avec un escargot, une créature hermaphrodite ? Chercher un sens a-t-il un sens ? Il n’y a ni début, ni fin, ni rythme véritable… juste 32 planches enchaînant plusieurs séquences de mœurs liées entre elles. Le duo d’auteurs s’amuse à brouiller les pistes, à mêler deux genres antinomiques, et livre finalement un OVNI en one-shot inattendu et… extravagant !