L'histoire :
Le général Vo Nguyen Giap remarquait lors de la Guerilla vietnamienne : « Le front est partout, en tout lieu ». Aujourd’hui, l’homme occidental croupit devant son poste de télévision, bien à l’abri dans ses chaussons. Il baisse la tête, il subit. Même sa naissance il ne l’a point choisie. Le regard critique, il l’a perdu. Son rôle, il le joue la « zapette » à la main. D’un doigt, il change le monde. Du moins sa vision. L’interactivité se limite pour lui au flot d’informations continu reçu, passif. Qu’a-t-il fait pour mériter cela ? Le 4 janvier 2004, l’année s’ouvre au supermarché de Brabbi sur Oise par le passage à tabac d’un « sale nègre américain » par un vieil homme malade. Le 12 février Mohamed, chauffeur d’un des kamikazes de Détroit, est tué dans sa prison de New Abu Graib (Michigan). Il laisse une famille et une épitaphe terrible hurlée par le sergent qui piétina sa face : « Putain d’arabe français ! ». La fiction narrative déroule les ruines d’un monde médiatique par la petite lucarne. Cette histoire est celle d’UN acteur désincarné, reléguant l’Homme en pointillés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine de Guerre Civile Mondiale (GCM) se trouve un constat simple et énoncé tel quel : « le refus d’accepter le monde tel qu’il est » (sic). Artistes en marge, venus d’horizons divers (vidéo, art plastique, peinture, sculpture, théâtre…), un collectif de squatter marseillais et autre s’est réuni pour accoucher d’un manifeste. Manifeste car cette « tentative de journalisme sensible » se veut un cri ne cachant nullement son penchant révolutionnaire, œuvre à la fois contre-culturelle et pamphlétaire. Sous forme d’almanach, l’opus livre à l’envie diverses informations brutes des années 2004/05. Du passage à tabac d’un Noir au supermarché du coin aux discours illuminés de George W. Bush, en passant par le terrorisme de tout poil ou la mondialisation du tout fric, GCM épingle aux choix micro ou macro sociétaux. Au fil des pages, mois après mois, viennent s’inscrire les événements accompagnés d’une vraie réflexion personnelle. Formellement, GCM n’est pas une bande dessinée. Les textes y figurent par ailleurs sous une typologie romane et le dessin illustre plus qu’autre chose. Cependant le graphisme est fort, torturé et parvient sans peine à retranscrire la violence décriée. L’ultime page conclut l’opus sur une note sarcastique, poussant le raisonnement à l’extrême. Mais qui sait ? L’essentiel ici était de bousculer les consciences endormies. Cette réinterprétation bouillonnante du réel est un appel à l’éveil. Citoyens de France et d’ailleurs, unissez-vous ! GCM est annoncé annuel. AnAmnésie (comprenez non amnésique), volume premier.
