L'histoire :
Ce matin, Dieudonné se rend chez Omar Dabaji pour acheter un jouet. L’argent, il ne l’a pas volé. C’est le père Uguen qui le lui a donné. Dieudonné a fait pour lui le « petit travail ». C’est un « travail » bien payé. L’enfant choisit donc sa miniature puis s’éclipse en compagnie de ses copains. Omar est outré. Elongh à peine enterré, le frère l’a déjà remplacé pour faire ses saloperies ! Mme Peyrol fait remarquer au commerçant que sa colère ne l’a pas empêchée de vendre le jouet à l’enfant ou encore d’écouler les revues de la mission chrétienne. La foi et les affaires ne font pas bon ménage… La disparition du jeune Clément, clandestin français soupçonné du meurtre de Jean-Claude Elongh, alimente toutes les conversations. La nouvelle semble en réjouir certains quand d’autres sont inquiets. Mathilde en l’apprenant s’effondre. A ses côtés, Mathias souhaiterait la réconforter mais ses sentiments ne trouvent pas (encore ?) d’écho. Le coupable semble en tout cas idéal et les belles paroles du frère Uguen ne trompent guère l’inquiétant instituteur Daniel Amiel. Celui que l’on surnomme « Guiteul Goteul » pour son œil éborgné, n’est pas dupe. Il connaît bien le nœud de vipères local, lui qui cache d’ailleurs le Français. Non pour son salut mais pour accomplir ses desseins vengeurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici venir (enfin, dira-t-on) la chronique de la seconde partie d’un diptyque qui laisse songeur. Un diptyque à l’ambiance « noire », au sens propre comme au figuré. Un diptyque au cadre soigné, à la personnalité certaine mais qui ne convainc qu’à moitié (…). Nous avions laissé Clément, notre jeune clandestin métropolitain en mal d’aventures, accusé de meurtre ; on le retrouve en plus encore fâcheuse posture. « Guiteul Goteul », vengeur, est passée par là. Pourtant, le sort lui réserve un bien vilain tour… Intrinsèquement meilleure que la précédente, cette seconde partie déroule puisque le cadre est planté. Le contexte historique d’une Afrique noire – le Cameroun – tout juste « majeure » (comprenez émancipée), méconnue, demandait un soin tout particulier. La sauce montait doucement pour se finir finalement sur un coup d’éclat, mais aussi sur un goût de trop peu (…). La fiction policière tient ici pleinement les devants. On ne s’ennuie guère et on devinerait avec peine les (mauvaises) surprises réservées aux personnages. Néanmoins, l’album terminé, on reste perplexe. Heureux de connaître enfin le fin mot de l’histoire mais frustré aussi. La faute au format d’édition trop étriqué pour que l’ambiance figurée (nous) pénètre vraiment ? Le style parfois emprunté d’Arnaud Floc’h présente de même d’indéniables qualités esthétiques et narratives. La faute à une intrigue quelque peu déséquilibrée entre les deux parties, s’attardant trop peu sur certains personnages clés et/ou en présentant de trop ? On ne comprend plus bien, par exemple, le rôle et le revirement de Mathilde dans ce tome et l’on regrette que « Guiteul Goteul », narrateur et pivot de l’ensemble, ne tienne pas plus la vedette. Rien de mauvais sur ce diptyque. Mais des réserves demeurent donc. Documenté, soigné et maîtrisé, le titre riche souffre peut-être d’exiguïté. Une chose est sûre : ce cadre original méritait meilleure exposition. Rien à reprocher vraiment à l’auteur qui fit le boulot. La mayonnaise n’a cependant pas pris. L’ultime croche-pied vous révèlera le pourquoi des Epines du Christ : poussez donc jusque-là et vous jugerez.