L'histoire :
New-York, au beau milieu des années 60 et plus précisément dans le quartier qu'on appelle Little Italy. En attendant l'ouverture du « Got some inn », un bar que les braves gens ne fréquentent pas, des messieurs aux costards impeccables se chambrent gentiment et finissent par se mettre d'accord sur la blinde. La partie de Pok' à 20 $. Parmi la bande de gentlemen, se trouve le beau-frère de Saldana, un rital qui n'a rien d'une petite frappe. Le macaroni est dans la schnouff jusqu'aux oreilles. Il a flingué un agent du FBI et après avoir tiré deux piges, il vient de se faire la malle de la Centrale en dézinguant un maton. Faut croire que tirer perpet' au lieu de griller sur la chaise, c'est pas non plus la consolante. Pour Ruden et son coéquipier Dumpee, l'ordre de mission tombe : filer le beauf' du truand, renifler le tuyau et rendre compte. Mais tout va se compliquer avec l'ouverture d'une enquête interne, parce que les méthodes de Ruden ne sont pas vraiment celles qu'on apprend en École de Police. Passe encore, les deux collègues en ont vu d'autres. Non, là où ça commence à sentir mauvais, c'est quand Ruden est détronché. Grillé. Démasqué...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome en forme d'hommage à la French Connexion, c'est dans N-Y gangréné par la mafia italienne que Lounis Chabane nous plonge. Même si son histoire sent bon les stéréotypes, avec ses porte-flingues, son administration policière en quête de résultats, alors qu'elle se montre scrupuleuse du règlement, et bien sûr ses femmes fatales, le découpage du scénario et les dialogues distillent au lecteur un plaisir qui augmente progressivement, presque sournoisement. Le graphisme est digne des productions américaines. A l'évidence l'auteur se paye une tranche de plaisir sous la forme d'un exercice de style, plutôt réussi par ailleurs. Les décors, les voitures, les gueules cassées collent parfaitement au ton du polar noir et les couleurs qu'il choisit restent très sobres. Voici pour ce qui est de l'esthétique. Pour la narration, elle installe progressivement l'intrigue. Peu à peu, les portraits psychologiques s'affinent, tout comme on assiste d'une part à la combine des narcotrafiquants, et d'autre part à la filature. Mais il faudrait être bien malin pour savoir qui des forces de l'ordre ou des truands va finir par se retrouver dans l'étau. Ajoutons que le cliffhanger soulève la question du sort de Ruden. En étant détronché, ses heures ne sont-elles pas comptées ? Peut-être va-t-il basculer de l'autre côté ? ...Ou peut-être encore se lance-t-il volontairement dans la gueule du loup ? Autant de qualités et de questions qui nous amènent à suivre au plus près la trajectoire de Ruden, ce drôle de flic.
