L'histoire :
A New-York, en 1977, Frank Kielowski est plus connu sous le pseudonyme de « K », tueur pour la mafia. Il a la réputation d'être infaillible et sans pitié. Ce jour là, après avoir revêtu un ciré de marin, il exécute son contrat dans la cale d'un navire échoué sur le port, à grand coup de masse dans la tête. Puis après s'être déchargé du corps dans un bidon à la dérive, il part faire son rapport à Dom, dans une boîte à strip-tease : il lui rapporte un sac contenant les dents de sa victime. Dom lui présente un petit nouveau, Rico, un tantinet présomptueux... En tout cas, le courant ne passe pas, entre ces deux-là. Dom confie aussi une autre mission à K : faire une visite de « politesse » à un gros dealer, Salvi, pour lui rappeler ses engagements. Dont acte : K trouve Salvi chez lui, le nez bien poudré, et il récupère la dette sans avoir besoin de se faire les muscles. Mais en passant, il refuse une petite « gâterie » : Salvi détient deux enfants dans sa cave, qu'il prostitue pour ses meilleurs clients. Ce genre de pratique, ça coince, chez K. Lui qui a eu une enfance terrible : il a vu son père alcoolique frapper à mort son frère Jack, parce qu'il s'interposait devant les coups portés à leur mère. K sort donc de chez Salvi profondément troublé. Il dépose la mallette dans sa voiture puis revient à la charge, flingue en main. Il va faire un carnage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Polar noir, Big K est l'histoire d'un tueur de la mafia : froid, sanguinaire, impitoyable... classique, donc. Mais K a aussi des besoins naturels de meurtres à assouvir... et néanmoins des principes... qui visiblement risquent de lui causer quelques soucis auprès de ses employeurs. Cette nouvelle série – bizarrement pas éditée dans la collection Ligne rouge de Casterman – fait fortement penser au célèbre Tueur de Matz et Jacamon. Même personnage de mercenaire déshumanisé au sang-froid ; même voix off dans des encadrés pour relater les états d'esprits de K. Pourtant, le ton et l'esprit concoctés par Nicolas Duchêne ne sont pas tout à fait les mêmes, et tant mieux. Big K a une vraie trogne de méchant, avec un regard noir et une mâchoire serrée « Eastwoodienne ». A la fois tueur à gage et serial-killer, il représente une facette étonnante du « mal qui a des principes » (dans la lignée de Dexter, pour les amateurs du feuilleton). Le dessin de Fabian Ptoma est au diapason de l'atmosphère sordide et morbide. Son crayonné réaliste (infographique ?) et brut a de l'élégance, de la maîtrise et de la personnalité. Ses personnages, souvent cadrés de près, au détriment des décors, se complètent d'une colorisation idoine, volontiers glauque et éteinte (signée Tanja Cinna). A travers une narration lente, des flashbacks et la mise en scène d'une « journée type », cet épisode pilote permet de bien faire le tour du personnage... jusqu'au dernières et surprenantes dernières pages. La mise en bouche est très prometteuse ; on est curieux de découvrir vers quels sombres territoires les auteurs vont désormais emmener leur tueur...