L'histoire :
Une jeune fille plutôt bien roulée, en panne de mobylette, fait de l’autostop sur une route de campagne. Un photographe quinqua la prend dans sa décapotable. Plus loin, un jeune dealer de drogue court à travers champs, poursuivi par un type en Range Rover. Le fuyard est rattrapé et écope d’un violent swing de club de golf dans l’arrière-train. L’homme rentre satisfait chez lui, où son fiston gère les affaires courantes : les putes et le site Internet porno. Le fils avertit le père qu’il se passe un truc pas net chez les Ortiz. L’homme se verse un verre de whisky et se rend aussitôt sur place, dans une propriété reculée aux abords de Carcès. Les abords sont déserts. Flingue à la main, il découvre qu’une tombe encore vide a été creusée dans le jardin. Dans la maison, une capote usagée jonche le parquet. Mais il repère trop tard le canon de révolver qui le menace à travers les lattes. Bang ! Coup de chance : il ne perd que son oreille droite… mais sa vengeance risque d’être terrible. La veille, Clara et Théo avaient débarqué dans la région. En temps ordinaire, elle est psy pour enfants à Marseille ; lui, passionné d’entomologie, bosse dans la mécanique à Lille. Ils ne se sont plus revus depuis 12 ans et entreprennent « enfin » une vendetta sans pitié…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au scénario de ce thriller « rural » en one-shot, Eric Borg délivre de sa griffe narrative toute particulière l’histoire d’une vendetta meurtrière dans le sud de la France. La plus-value de l’album tient en effet plus dans la manière dont l’intrigue se découvre, que par une réelle originalité de l’histoire. Borg n’a pas son pareil pour proposer tout d’abord des éléments piquants et pour ensuite prendre un temps jubilatoire pour qu’ils deviennent limpides. Notamment le titre, qui ne trouve de logique qu’à la fin. Quitte à mélanger les temps, à multiplier les lieux, à couper subitement les séquences sur de jouissifs cliffhangers, et à taire le plus longtemps possible les desseins des protagonistes. Par exemple, au début, on croit dur comme fer à l’idylle imminente entre Théo et Clara… et on s’aperçoit au fil des pages que cette idée est hors-sujet. Sans en dire trop pour conserver une dose de surprises, avouons toutefois la tournure sanglante et sordide du polar, qui se réserve donc aux lecteurs âgés (disons) de plus de 16 ans. Une large place est faite à la « narration visuelle » de Pierre-Henry Gomont. Peu de dialogues viennent compléter ce que le dessin suffit la plupart du temps à expliciter. Le dessinateur emprunte un style semi-réaliste encré, moderne et cohérent de bout en bout des 118 planches. En ressort un thriller glauque, addictif, qui se paye le luxe d’un dénouement exquis…