L'histoire :
Bruxelles, décembre 1929. Le commissaire Bury et son acolyte l’inspecteur de Vreese sont sur les dents. Une sordide affaire que cette histoire de meurtre… Le richissime homme d’affaire Séraphin Lardenoit a été assassiné à son domicile, en ayant eu le cœur arraché de la poitrine d’un coup unique et violent, improbable mais bien réel. Il était alors en la galante compagnie de Joséphine Cardon, danseuse de cabaret. Selon les indices et les témoignages, un dément s’est enfui des lieux du crime plusieurs heures après, en passant à travers une verrière. Or celui-ci vient d’être arrêté. De son vrai nom Vranken, il a été surnommé Prométhée par la jeune femme, totalement choquée par ce qu’elle a vue : un monstre sans visage traverser le hall, le cœur encore battant de son amant à la main. Bury a d’ores et déjà disculpé Prométhée, qui lui apparait comme une marionnette manipulée par un plus puissant : Crèvecœur, comme l’appellent les journaux. Etrangement, un passage secret a été découvert au domicile de la victime, derrière la pendule. Un escalier dérobé mène à une pièce gigantesque dans le sous-sol, une sorte de lupanar dédié à tout un tas de pratiques sexuelles de groupe délirantes. Poursuivant leur enquête, les policiers dénichent une mallette précieusement cachée par Prométhée, contenant un manuscrit en russe, une mystérieuse carte et une photographie de groupe prise sur le site de Pétra…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Martin et Nicolas Duchêne poursuivent ici leur polar un peu glauque aux frontières du surnaturel. Ou plutôt dont les aspects surnaturels tangents paraissent l’unique solution plausible. « Lorsque toutes les hypothèses possibles ont été écartées, c’est forcément l’hypothèse impossible qui constitue la vérité » (Conan Doyle). Comment un homme a-t-il pu arracher le cœur de Lardenoit en un coup unique et fulgurant ? Cette problématique centrale reste à être élucidée au terme de ce second volet, qui fait néanmoins progresser le schmilblick en révélant quelques zones d’ombres. Tout en brouillant les pistes, les frangins auteurs conduisent ici leur intrigue sur la voie des sociétés secrètes et du « maître » satanique, en passant par un manuscrit occulte et une carte encore bien énigmatique. Le personnage de la rose noire, jusqu’alors surtout entraperçu au début du tome 1, prend également son importance dans le dernier tiers de l’album. L’intrigue montre donc une belle densité, néanmoins laborieuse à suivre en raison d’un rythme de découpage vraiment confus et de nombreux dialogues certes appliqués mais dispensables. Etant donné que le graphisme, tout artistique et maîtrisé soit-il, s’évertue à être sombre et tourmenté (la colorisation est quasi monochrome dans les gris-marrons), et les trombines de tueurs à se ressembler pas mal, il est conseillé de rester bien concentré ! Bref, à mi-parcours, ce polar en trois tomes montre de jolis talents, à canaliser vers une œuvre plus accessible…