L'histoire :
4 morts sur 2 continents différents, donc sûrement 2 tueurs… Mais le modus operandi est le même à chaque fois. Le ou les assassin(s) semble(nt) percer en un coup le thorax de leur victime, de leur main griffue, pour en prélever le cœur encore en train de battre. « Crèvecœur », c’est le surnom que la presse Bruxelloise lui a donné… ça fait vendre. Décidemment, plus l’enquête avance, plus les questions s’accumulent pour le commissaire Bury. Or, les points communs entre les victimes sont également légion. Elles ont toutes fréquenté l’Université Catholique de Louvain à partir de 1901, toutes les 4 apparaissent sur une toile artistique honteusement blasphématoire, et toutes appartiennent à un milieu social très élevé. C’est cette dernière piste que le policier décide d’explorer. Quatre dignitaires repérés à l’enterrement des 2 victimes belges sont filés jour et nuit. L’assassin doit être parmi eux. Une autre piste semble aussi intéressante : des livres aussi rares qu’occultes ont été retrouvés dans toutes les bibliothèques des victimes… L’enquête prend une autre tournure quand la jeune recrue Covelier réussit à convaincre le commissaire d’aller voir son oncle Balthus. Ce dernier semble en savoir long sur les sociétés secrètes, en particulier sur le « Cercle Renaissance » et une certaine femme surnommée la Rose Noire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Désormais terminée, la trilogie Crèvecœur étonne sur beaucoup de points. D’abord les planches très artistiques de Nicolas Duchêne ne laissent pas indifférent. On aimera ou pas ce trait très personnel, aux contours épais, qui refuse pourtant d’abandonner le détail. L’ambiance sombre qui doit beaucoup à un encrage très dense ne sera en rien entamée par un coloriage qui navigue dans un espace de teintes aussi restreint que lugubre. Le tout fait indéniablement froid dans le dos et hypnotise le lecteur pris dans la tourmente d’une histoire complexe. Martin Duchêne a la lourde tâche d’en finir avec ce scénario vaguement fantastique. Persévérant dans sa mise en scène fatigante, où l’on change de contexte toutes les 2 ou 3 cases, l’auteur transcrit impeccablement une tension croissante. Si la conclusion semble un peu simple, la trame reste passionnante. Rehaussée de dialogues décapants entre des personnages aux caractères plutôt réussis, cette funeste aventure s’allie à un humour discret mais omniprésent. Cet ultime volet termine de faire de Crèvecoeur une trilogie vraiment convaincante…