L'histoire :
En 2257, le directeur du consortium CEES confie l’étude de quatre sceaux-cylindres à une équipe de scientifiques menés par un théologien. Ce dernier consacrera sa vie à l’étude de ces artefacts qui dévoilent, telle une pierre de Rosette, une mine de savoir mais aussi de nombreux mystères. Parmi ces derniers, une phrase énigmatique résonne comme une lourde sentence : « Au début nous étions immortels… mais les dieux nous ont retiré ce cadeau ». Mais le plus étrange est que ces cylindres semblent dater de plusieurs millions d’années. Ils sont la preuve que l’apparition de l’intelligence dans l’univers est bien antérieure à l’apparition darwinienne de l’homme. Ils sont dans tous les cas une remise en question gravissime de toutes les religions monothéiste de l’humanité. 40 ans plus tard, la créature extraterrestre baptisée Eve que les scientifiques ont extirpé d’une sorte de sarcophage minéral trouvé sur une lune d’Aldéman, continue de produire des effets psychologiques terriblement agressifs sur la gente masculine qui s’en approche. Pour pouvoir l’approcher, il est nécessaire de s’injecter des inhibiteurs d’une substance hormonale. Un seul homme, Sanders, semble être immunisé naturellement, en raison d’une exposition massive à ladite substance lors d’une guerre précédente.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On connait surtout Christophe Bec pour sa méthode narrative adaptée aux thrillers, basée sur l’empilement de séquences mystérieuses amenées à se compléter sur le long terme. Ainsi en va-t-il de Prométhée, Olympus Mons, Carthago… et un tout petit peu de Eternum. Mais cette œuvre de science-fiction, dont vient de paraître le 3ème et dernier volet, appartient aussi et surtout désormais à la catégorie des « grands » scénario de Bec (au côté de Royal Aubrac, dans un genre différent), pour sa capacité à interroger sur un sujet d’avenir porteur et philosophique majeur : l’immortalité. Sur les deux premiers tomes, dans un futur proche, nous suivions par séquences alternées des phénomènes cosmiques étranges et inquiétants. Une créature humanoïde exceptionnelle était extirpée d’un cocon alien (comme dans le film la mutante), des rayons destructeurs se dirigeaient vers la Terre (comme dans les BD UWO, Apocalypsmania, L’étrange rendez-vous…) et les hommes s’entretuaient subitement sous l’influence d’une entité psy (comme dans Sanctuaire d’un certain… Christophe Bec). Sans trop en dévoiler, tout se met en cohérence dans cet opus final, appuyant une réflexion sur les origines de l’humanité et sa quête d’immortalité (carrément). En prime, le propos réconcilie darwinistes et créationnistes. Et à contrepied des tomes explicatifs trop bavards, cette conclusion se révèle majoritairement visuelle. De nombreuses séquences muettes laissent en effet parler la mise en scène cinématographique et le dessin virtuoses de Jaouen. Tout cela est sensé et présenté dans un environnement futuriste somptueux, des profondeurs de champs étourdissantes, des éléments technologiques ou cosmiques crédibles. Quelle claque, pour les amateurs de SF !