L'histoire :
L’été 1943, des passeurs français font régulièrement et nuitamment traverser la frontière suisse à des dizaines d’enfants juifs. La région est alors sous juridiction de l’armée italienne, qui ne met pas de zèle particulier à empêcher ces petits fuyards de partir. A partir de septembre, la destitution de Mussolini redistribue les cartes. Ce sont dès lors des officiers allemands qui prennent le contrôle de la zone, avec pour objectif de remédier à cette passoire. Un nouvel officier nazi, l’agent K30, est nommé pour assurer cette rigueur. Il lui est notamment demandé de démasquer l’agent Gerda, une allemande qui est soupçonnée de collusion avec l’ennemi. Car depuis des semaines, Gerda est censée démanteler le réseau de passeur, mais son manque de résultat est plus que suspect. Les choses vont donc se compliquer pour Mila Racine, une jeune française d’origine juive qui travaille officiellement comme assistante sociale au sein de camps d’internements. En réalité, Mila est un membre actif de la Résistance. Elle trouve des refuges ou des familles pour cacher des enfants juifs, parfois dans des fermes, le temps de les faire passer. Or la nomination d’Aloïs Brunner à Nice pousse la Maison de la Jeunesse Sioniste à envoyer encore plus d’enfants à Mila…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous prétexte d'une enquête familiale (fictive) à notre époque, le scénariste Régis Hautière aura fourni un focus biographique sur quatre personnalités féminines (réelles) qui se sont illustrées dans la Résistance Française, sous l'occupation allemande. Après l'aviatrice anglaise Amy Johnson, après la communiste allemande Sophie Scholl, après la chef de réseau française Berty Allbrecht, c'est au tour de la juive Mila Racine d'être (re)mise en lumière. Utilisant toutes ses ressources, jusqu'à l'épuisement, Mila Racine a effectivement fait passer des enfants juifs en Suisse (234 enfants, précise le cahier annexe en fin d'album). Elle fut arrêtée et internée dans un camp, où elle prouva encore sa force de caractère, avant de mourrir cyniquement sous les bombes alliées en mars 1945. Outre cette tranche biographique, ce quatrième volet permet à Hautière de boucler les investigations contemporaines autour de la « tante » de Claire, l'emmenant jusqu'au musée de la déportation de Compiègne. Au terme de ce dernier opus, vous connaîtrez en effet pleinement son identité (même si vous vous en doutiez sans doute un peu), et plus précisément son histoire. Néanmoins, le volet ne se hisse pas au niveau des précédents, en raison d'une narration un peu technique, manquant de souffle, et d'un dessin parfois sommaire. On a en effet connu Olivier Frasier plus soigneux que sur l'abominable page 23 (par exemple). Un résultat typique de l'auteur qui a du compresser ses délais de rendu de planches... Cela ne retire rien à l'intention mémorielle, louable et efficiente, de la série entière.