L'histoire :
Conduits par Nysa sur une barque au milieu du bayou, après de longues heures passées à ramer, Holly et Lando vont découvrir une scène d'horreur. Des cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants noirs pendus dans les arbres, au cœur d'un village éloigné de tout. Un refuge où des esclaves en fuite avaient constitué une communauté, des années plus tôt, et des signes visibles du retour d'expéditions mortelles signées du Ku Klux Klan. Deux indices sont trouvés sur place : une cagoule blanche et un flacon d'opium. Holly va partir à la recherche d'informations, sachant pertinemment que les soutiens du clan pourtant dissous sont encore très nombreux, y compris parmi les notables et les autorités. Elle va pouvoir compter sur Lando, qui l'aime et l'admire, mais aussi sur les informations qu'elle va réussir à obtenir au sein d'une boutique spécialisée dans la fabrication d'opium, une drogue qui connait un succès grandissant parmi toutes les couches de la population. Holly va l'expérimenter à ses dépens dans un rêve éveillé d'où vont resurgir des éléments marquant de son passé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce quatrième épisode, Holly Ann prend toutes les dimensions d'un personnage au long cours, héroïne d'une série à suivre dans la tradition franco belge. L'ambiance de la série est très cohérente, portée par la forte personnalité de Holly et une atmosphère de mystère et de magie toujours présente. Le duo formé par Kid Toussaint et Stéphane Servain est d'une grande maturité, le scénariste utilisant délibérément le talent de son dessinateur pour lui donner des moments d'expression particuliers. La scène des hallucinations en est une illustration évidente. Elle constitue un tournant narratif de l'album, tandis que Servain s'y épanouit totalement. Il imprègne très fortement la série de son style personnel, où l'équilibre entre les traits noirs et les zones de couleurs varie selon les besoins du récit. Précis et concis dans les scènes de dialogue, plus flottant et fondu à mesure que l'objectif de la caméra recule. La mise en image de cette aventure est un plaisir en soi, un peu comme le style de graphique de Rosinsky a pu imprégner l'univers de Thorgal. On découvre dans cette nouvelle histoire complète de nouveaux aspects du passé de la jeune femme, tandis que l'enquête sur le massacre raciste dans le bayou progresse avec méthode. On devine que ces révélations qui excitent notre curiosité vont se poursuivre dans les prochains albums. Et si Toussaint continue de proposer dans chaque album un suspense bien construit, en même temps qu'une progression au long cours, le lecteur amateur de séries à suivre devrait être du voyage. Malgré l'humidité et les moustiques du bayou...