L'histoire :
Nouvelle-Orléans. Dans un rade baptisé « The Black Sheep », Liam O’Neal et son acolyte Bacchus (de son vrai nom Akwenuh Uwhaci), indien Natchez de naissance, enchaînent les verres. Les deux hommes se chamaillent et en viennent aux mains en sortant du bar. Au petit matin, le cadavre de Bacchus gît derrière une palissade, une balle entre les deux yeux. Diane, une jeune femme, cherche quelqu’un qui pourrait la conduire au Joyau, une maison close de la ville. Elle recherche son père, habitué des lieux. Il n’est pas rentré la nuit dernière. Holly Ann, qui passait par là, lui montre le chemin. Diane entre dans le lupanar et elle est interceptée par Saphira, la maîtresse des lieux. En effet, Saphira souhaite que Diane paie en nature la belle ardoise laissée par son père. Holly Ann intervient et réussit à sortir Diane de ce sale pétrin. La jeune femme récupère au passage le collier de son père autour du cou d’une des prostituées du Joyau : le collier du Grand Soleil, propriété du roi de la tribu des Natchez. Holly Ann questionne Diane sur son père qui s’appelle… Akwenuh Uwhaci, plus connu dans le coin, sous le nom de Bacchus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une enquête évoluant dans le milieu vaudou, Holly Ann continue d’explorer le monde de la Louisiane peuplé de croyances populaires diverses. Dans cette nouvelle affaire, il est question de tribu Natchez, de Grand Soleil, de collier du soleil… Les rues de la Nouvelle-Orléans sont gorgées d’eau, la faute à une pluie incessante. C’est dans cette atmosphère moite et humide, digne de True detective (saison 1) que Kid Toussaint place son récit, étayé par un contexte historique précis avec une dimension politique. Pour la petite histoire, la tribu Natchez vivait en Louisiane et a été exterminée et dispersée par les Français (eh oui !). Les survivants de ce massacre sont allés écumer les villes, un comble pour des Natchez en lien avec la nature. Cet exode vers le monde urbain trouve une résonance avec l’époque actuelle. Quand les populations rurales sont obligées de quitter les campagnes pour grossir les rangs des banlieues des grandes métropoles (Chine, Nigéria). Ses trouvailles narratives (le cercueil-barque !) sévissent dans un univers rappelant les rues inondées de la Nouvelle-Orléans, suite au passage de l’ouragan Katrina. Stéphane Servain, au dessin, montre comme toujours toute l’étendue de son talent. La tension de l’intrigue ne retombe jamais, son découpage précis et ses cadrages audacieux y sont pour beaucoup…