L'histoire :
Après avoir retrouvé le Dulcibella, cette mystérieuse embarcation sur laquelle l’homme qui l’avait abandonnée 20 ans plus tôt avait repris la mer, Marcia doit sauver sa peau : la mystérieuse Société Socrate est prête à tout pour découvrir les secrets de l’Empereur des Gaulles et Roi des Mers, Carausius dont elle semble avoir hérité. La jeune femme ne doit son salut qu’à la bienveillance d’un jeune marin, Erskine Childers, et au courage de la comtesse Bradley-Stanford… Toujours sur les traces de son père, elle rejoint l’Angleterre pour y rencontrer le professeur Longsdale, un scientifique qui semble en connaître beaucoup sur les pouvoirs du mystérieux romain : il aurait trouvé le moyen d’unir les deux Bretagne en empruntant un chemin secret. Dés lors, depuis des siècles, les puissants n’ont cessé de tout faire pour le retrouver et envahir, ainsi facilement, la belle Albion. Hitler en a fait à son tour le projet, mais la quête de Marcia vient contrecarrer ses plans… Longsdale n’a pas le temps de finir son cours magistral que le père tant recherché entre dans la partie : il s’agit ni plus ni moins que du démoniaque Aleister Crowley qui enlève sa fille. Il la conduit dans son manoir sordide et lui dévoile ses projets : lui faire rejoindre sa mère qu’il a lui même crucifié 20 ans auparavant sur la proue du Dulcibella…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Usant de quelques pirouettes et mêlant avec réussite Histoire, récit fantastique, sciences occultes et mystères, Yves Leclercq conclut son diptyque de façon cohérente et sans se perdre dans les fonds sous marins. On pourra seulement regretter le développement un peu court de certains pans de la construction de son récit : l’ancrage historique du récit dans l’antiquité ou au moyen âge aurait pu, par exemple, faire des ravages s’il s’était vu davantage enrichi. De même, nombre d’explications sont fournies au moyen de longs dialogues qui pouvaient donner lieu à prolongements (une trilogie ! une trilogie ! une trilogie !). Néanmoins, Yves Leclercq aura peut-être réussi son ambitieux projet : faire planer sur la série, l’ombre maléfique du mystérieux et mythique mage Aleister Crowley. On en est dérangé tout au long du récit, seulement réconforté par le solide Childers et la douce Marcia. Le travail de Stéphane Heurteau s’adapte parfaitement au climat imposé par le scénario : les enchaînements sont secs mais contrebalancés par un trait sans encrage, pour une colorisation douce et ainsi dépourvue d’agressivité. Les cadrages se veulent le plus souvent cinématographiques pour accentuer les différences de rythmes de la narration. Un univers à découvrir, au diapason des voyages sur l’océan : vivifiant, étourdissant et parfois déséquilibrant…