L'histoire :
Gibelet, comté de Tripoli. Quelques mois séparent Baldassare Embriaco de l’année 1666 sans qu’il n’ait encore perçu le moindre danger. Le fortuné libraire apprend pourtant par un de ses clients, un russe amateur de beaux livres, que l’Apocalypse est à leurs portes : il a lu dans « Le livre de la foi, une, véritable et orthodoxe » que l’Antéchrist apparaitrait en l’an 1666. C’est pourquoi, il quémande à Baldassare de lui vendre « Le Centième Nom ». Le livre qui semble plutôt tenir du mythe permettrait de recueillir le nom caché de Dieu. Celui-ci prononcé serait alors capable d’écarter n’importe quel danger pour obtenir du ciel n’importe quelle faveur. Cependant, Baldassare ne le possède pas. Laissant le russe mécontent, notre ami continue de prospérer gentiment : l’annonce de l’Apocalypse est un indéniable bonus pour son commerce. Il fait même appel à deux de ses neveux pour qu’ils viennent l’aider. Le temps passe et un matin, le vieil Idriss lui demande de vendre pour lui un ouvrage. L’objet n’est pas valeureux, mais Baldassare en tire un bon prix. Pour le remercier, le vieil homme lui offre le dernier livre qu’il possède. Et il ne s’agit ni plus ni moins que du Centième Nom. Baldassare n’en revient pas. Pourtant, peu de temps après, il cède l’ouvrage à un Chevalier, émissaire de la cour de France…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voyageur ou vagabondeur impénitent – et particulièrement sensible à l’Afrique au sens large – c’est tout naturellement que Joël Alessandra s’est pris d’envie d’adapter un roman d’Amin Maalouf. L’univers moyen-oriental et l’esprit nomade de l’œuvre du romancier correspondent en effet parfaitement à la sensibilité de l’auteur de BD. C’est ainsi l’aventure d’un génois d’orient, au XVIIe siècle, ce fameux Baldassare Embriaco, en quête d’un livre mythique, qui sert de point de fiction à une balade dans l’espace méditerranéen prévue sous forme de trilogie. Car à quelques mois de l’année de la « Bête » (1666), il est indispensable pour ce libraire fortuné de mettre la main sur ce précieux ouvrage (Le Centième Nom) réputé permettre au Monde d’être sauvé… Sur le plan de l’intrigue, l’ensemble est pour l’heure décevant : l’histoire de ce livre religieux (et hop, un de plus !) manque d’épaisseur. Et si d’ailleurs on devait gommer la belle leçon d’humanisme (tolérance, respect des différences religieuses…) qui l’accompagne, ou la petite histoire d’amour qui éclot judicieusement de ce premier chapitre, on peinerait à trouver un quelconque intérêt au récit. A l’inverse, le carnet de voyage proposé est des plus prometteurs. Car même si le trait manque de mobilité et ne fait pas toujours des personnages des êtres gracieux, on se gorge avec gourmandise de la chaleur des tons ocre, de la lumière éblouissante ou des paysages transportant. Gageons alors que la suite devienne captivante, pour qu’au-delà d’un « simple » voyage, on se prenne au jeu d’une vraie aventure avec mystère, rebond ou surprises à bluffer...