L'histoire :
En juin 1666, sur ses terres du Yorkshire, le Major Arthur J.Joyce Byron Pike intervient juste à temps pour empêcher trois brigands de violer et dépecer une comtesse de passage. Il remontait leur piste depuis quelques jours et regrette de ne pas avoir pu intervenir plus tôt. La jeune comtesse lui en est grandement reconnaissante et elle vante les mérites de ce valeureux investigateur à la cour. Deux mois plus tard, c’est par voie fluviale, via la Tamise, que le major Pike se rend à Londres, à l’invitation du roi Charles II. En effet, ce dernier a ouï-dire que des complots se tramaient contre sa personne et il aimerait avoir dans son entourage un enquêteur capable de dénouer ces éventuelles intrigues. Un enquêteur qui ait un œil neuf et dont le terrain d’origine soit suffisamment éloigné pour ne pas être corrompu… Pike prend cette mission comme un honneur. Il ignore encore qu’effectivement, Monsieur Clarendon, le Chancelier (Ministre de la Justice), ourdit une conspiration à l’encontre de Charles II, en compagnie de quelques dignitaires du régime. Ils regrettent que tant d’argent soit englouti à perte dans la conquête du nouveau monde, tandis que les bataves font des fortunes avec le négoce des épices aux Indes. Clarendon propose donc de profiter des fêtes du fleuve pour « arranger » une mort accidentelle. Le duc de Wokingham s’insurge contre une telle vilénie et quitte la conspiration. Quelques jours plus tard, il est retrouvé égorgé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième volume toujours minutieusement ancré sous la Renaissance britannique, Jean-Yves Delitte plonge son enquêteur, le Major Arthur J.Joyce Byron Pike, dans de nouvelles investigations. Ici, le roi Charles II redoute – à raison – d’être la victime d’une conspiration. Bénéficiant d’une excellente réputation, le Major du Yorkshire débarque donc à Londres pour servir le roi en tant que détective indépendant. A priori, ledit complot sera plus ou moins directement à l’origine du terrible incendie qui a ravagé Londres en septembre 1666… mais nous n’assisterons à cette catastrophe que dans la seconde partie du diptyque proposé (dans le tome 4 à venir). Pour le moment, la conspiration s’accompagne d’assassinats mystérieux perpétrés par un tueur déguisé en médecin de peste (avec le masque en forme de bec d’oiseau)… soit une dégaine parfaitement inquiétante, qui n’a rien à envier aux masques du cinéma d’épouvante contemporain (Vendredi 13, Scream…). La narration est plus limpide que sur le premier diptyque, surtout grâce aux intentions mieux identifiées de chacun des protagonistes. Or étant donné que le dessin réaliste de Delitte ne faiblit pas (hormis toujours ces satanés faciès et expressions de personnages…), le plaisir de lecture est patent. L’artiste nous gratifie notamment de deux sublimes doubles planches, exhibant des navires sur la Tamise aux abords des tours de Londres, qui imposent le respect.