L'histoire :
En juillet 1643, le capitaine anglais Sir James Eddington poursuit son enquête sur l’île de Java, qui est alors une colonie néerlandaise, pour connaître les circonstances de l’horrible décapitation d’un compatriote, Sir Francis. Sur place, il se rend compte rapidement que l’enquête qu’il mène au nom de la couronne britannique dérange. On lui met des bâtons dans les roues, on boute le feu aux archives où il espérait trouver des pistes probantes… Mais le capitaine est opiniâtre et il prend sa mission à cœur. Un notable indigène, notamment, se montre souvent trop curieux pour être honnête. 20 ans plus tard, c’est le fils d’un autre enquêteur anglais, le major Arthur Joyce Byron, qui retrouve la trace de ces évènements consignés dans un livre. En cette année 1663, le major doit lui aussi résoudre une enquête sur d’horribles meurtres, mais dans le comté du Yorkshire, et par une météo hivernale. Des corps retrouvés démembrés dans la campagne rappellent les méthodes d’un meurtrier jamais arrêté, surnommé « le boucher ». Son enquête se précise lorsqu’est retrouvé un carrosse ayant appartenu aux victimes. Cependant, ce carrosse est désormais entre les mains de canailles locales réputées violentes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quitte à être brusque, disons les choses tout de go : Jean-Yves Delitte est un extraordinaire dessinateur, mais un scénariste médiocre. Aux côtés de Philippe Richelle, il livrait il y a une quinzaine d’année des Coulisses du pouvoir vraiment palpitantes. Mais depuis, en tant qu’auteur complet, son œuvre peine vraiment à passionner. A chacune de séries, c’est toujours le même problème : la mise en scène du cadre historique ou exotique est l’atout premier, indéniable, de ses albums, tandis que le fond du scénario est soit poussif, soit bancale, comme un prétexte à la peinture d’un contexte donné. Le second volet du Sang des lâches se place une nouvelle fois dans cette équation insolvable. Ici, deux enquêtes sont menées par des Lords anglais au XVIIème siècle, à 20 ans d’écart, en deux points de la Terre opposés, dans deux décorums distincts (le Yorkshire hivernal et l’exotique île de Java). Ces deux enquêtes concernant d’horribles assassinats et ont un rapport avec la Compagnie des Indes Orientales, mais trop confus pour les lier véritablement dans la narration. Delitte alterne donc mécaniquement trois pages de l’une, cinq pages de l’autre, et moult personnages aux faciès très proches palabrent ainsi de suite, de verbeuse manière, en traversant des panoramas magnifiques. En bref, c’est beau et ennuyeux. Certes, ce second volet apporte des révélations finales choc sur les deux intrigues en cours. Mais l’astuce de la surprise ne convainc pas, car trop gratuite pour justifier toutes les discussions précédentes.