L'histoire :
Les quatre arpenteurs constatent avec désespoir leur échec : la transmission qu'ils avaient localisée à bord du Transperceneige n'est en fait qu'un émetteur radio qui résonne dans le vide. Personne n'est vivant dans ce lieu glacial. Ils ont traversé l'océan pour rien. Alors que les arpenteurs ne savent plus quoi faire, Val les exhorte à se battre encore. Si la radio a réussi à émettre pendant tout ce temps, c'est qu'il y a de l'électricité quelque part et peut être de la vie. Il faut faire des recherches dans ces lieux pour trouver la source de l'énergie. L'équipée se met alors en route et finit par découvrir une trappe dans une grotte. C'est un accès à un endroit souterrain, à la profondeur vertigineuse. Les arpenteurs utilisent leur corde pour la descente et lancent un dernier signal au train. S'ils ne donnent pas signe de vie dans cinq ou six heures, c'est que quelque chose de grave s'est produit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Transperceneige est une série « futuriste » imaginée en 1984 par Jacques Lob et sortie en trois tomes. Hollywood s’empare des droits et en fait une adaptation explosive en 2013. Deux ans après, c’est le neuvième art qui reprend ses droits et la série connaît un nouveau rebondissement avec cette suite qui s’annonce comme une fin : Terminus. Olivier Bocquet reprend les manettes du train fantôme coincé dans un univers de glace. Il travaille avec Jean-Marc Rochette, le dessinateur de la série-mère et des story-boards du film. On est pris d’emblée par l’opacité du récit et par la noirceur du propos. L’atmosphère est lourde et les personnages superbement travaillés. Dans un univers hostile et dans une recherche de terre de paix, l’histoire répète à l’envie le thème de la survie… à tel point qu’on pense à Walking Dead. Dans l’adversité et le danger, les personnalités se révèlent et les tensions explosent. Le récit prend une nouvelle tournure quand le train arrive dans des souterrains habités. On bascule petit à petit dans l’horreur et la tension se fait maximale. L’art de Bocquet est vraiment impressionnant. Le récit prend le temps de ménager ses effets et une scène, en apparence anodine, peut s’étaler sur une dizaine de planches. Le rythme lent ménage un suspense insoutenable et fait planer un danger de tous les instants. Dans une ambiance irrespirable, le lecteur découvre petit à petit une réalité cauchemardesque. Le côté absurde de la situation (que cachent les masques de souris ?) renforce l’impression de cauchemar et rajoute une bonne dose d’horreur et de peur. Cette fois, on bascule dans une histoire à la Bilal où l’humanité est pleine de noirceur dans un environnement post apocalyptique. Le dessin sombre et ciselé de Rochette joue également énormément dans cette immersion poisseuse et sordide. Les surprises sont fortes et les thématiques profondes, apportant des réflexions et des résonances sur notre monde d'aujourd'hui. Happé par l’histoire, le lecteur tentera de trouver une porte de sortie, en vain ? Une suite et fin géniale mais particulièrement éprouvante pour les âmes sensibles. Inutile de tirer le signal d’alarme : le train ne s’arrêtera jamais !