L'histoire :
Les inspecteurs Caine et Burkinshaw de Scotland Yard poursuivent leur enquête sur la mort de John Atkins, administrateur d’une société immobilière, retrouvé curieusement « suicidé » avec 2 balles dans le crâne. Ils ont établi que l’homme était acculé de dettes de jeux, et identifié un de ses principaux créanciers : un dénommé Mac Bain, disparu depuis peu. A la tête de la société Real Project, l’homme a en effet consacré des sommes faramineuses dans un projet immobilier pour le moins suspect : études d’implantation bidons, localisation discutable… le tout avec l’assentiment du directeur général, du banquier et de toute la chaîne décisionnaire. La piste de la fraude massive se confirme donc et s’étend à un niveau d’implication assez élevé. De fil en aiguille, ils interrogent Melvil Cavendish, ancien associé de Mac Bain dans une société d’export de viande, Interbeef, désormais propriétaire d’un luxueux restaurant italien. C’est à ce moment que Caroline Bates, journaliste au Morning Post, publie un article à scandale mettant en cause l’intégrité de John Morrison, actuel ministre de l’économie britannique. En effet, à l’époque où il était commissaire européen à l’agriculture, Morrison aurait nettement favorisé les pratiques frauduleuses d’Interbeef, permettant de détourner plusieurs grosses subventions pour des livraisons identiques, à destination de l’Afrique, avec le plus grand mépris pour la qualité de la viande acheminée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et voilà une troisième intrigue politico-policière de bouclée, comme toujours de main de maître ! Une nouvelle fois, Philippe Richelle impose sa patte de scénariste, s’appuyant sur une approche à la fois distante et très réaliste des faits. En effet, les séquences s’alternent de manière détachée, sans s’attacher aux personnages, tous relégués au rang de seconds couteaux. Même les « héros » récurrents, Caine et Burkinshaw, n’ont aucun charisme et s’effacent derrière les évènements et la reconstitution du puzzle, unique propos palpitant des histoires. Vous ne comprenez pas tout, et tout de suite ? Qui est ce nouveau personnage ? Quel est son degré d’implication dans l’affaire qui nous intéresse ? Patience… La moindre piste remplit nécessairement son rôle et participe de la dénonciation des abus politiques en tous genres. Cette fois, le suicide apparent d’un administrateur immobilier découle sur un scandale économique et humanitaire éhonté, impliquant directement le ministre de l’économie en poste. Egalement au dessin depuis le tome 7 (en remplacement de Jean-Yves Delitte), Richelle montrait alors sur ce précédent album ses limites, avec un style graphique plus « brut ». Cette fois, il est épaulé pour l’encrage final, par Eric Schiavinato, ce qui permet de remettre le visuel de la série à un niveau digne des premiers volets. Un indispensable à recommander aux amateurs du genre…