L'histoire :
Un après-midi ensoleillé à Castelnau-le-Lez, les frères Karabatic partagent un barbecue en famille avec leurs enfants et leur mère. La conversation s’ouvre sur Branko, le père disparu, ancien gardien de but légendaire de l’équipe de Yougoslavie dans les années 1970-1980. Figure marquante du handball européen, il a transmis à ses fils, Nikola et Luka, la passion de ce sport qu’il avait contribué à populariser en France après avoir fui la guerre qui a déchiré son pays. Sa femme se souvient avec émotion de sa fierté en voyant ses fils suivre ses traces. Le récit revient ensuite sur les débuts fulgurants de Nikola Karabatic. Protégé par son père mais déjà remarqué pour son talent précoce, il fait ses premiers pas professionnels à 17 ans lors d’une demi-finale de Coupe de France à Nîmes, au sein d’une équipe prestigieuse de Montpellier emmenée par Thierry Omeyer, Didier Dinart et Grégory Anquetil. Très vite, son ascension se poursuit : Claude Onesta, sélectionneur des Bleus, le convoque en équipe de France pour pallier la blessure d’un joueur. Il y côtoie sa légende vivante, Jackson Richardson, à qui il doit sa première passe décisive en sélection. Nikola marque son premier but international, puis contribue à la victoire française face aux danois lors de la World Cup en Suède, où il inscrit trois buts en finale. Ce premier titre ne sera que le début d’une carrière exceptionnelle. Pendant ce temps, son frère Luka, plus jeune, poursuit encore le tennis avant, lui aussi, de rejoindre la grande aventure du handball familial.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le deuxième tome des Frères Karabatic, Unis pour gagner, s’impose comme bien plus qu’un simple récit sportif : c’est avant tout une histoire de filiation. L’album s’ouvre sur un moment intime, un barbecue en famille à Castelnau-le-Lez, où les fils de Nikola évoquent le grand-père qu’ils n’ont pas connu. Ce point de départ, d’une grande tendresse, donne le ton : ce tome est en réalité consacré à Branko Karabatic, père de Nikola et Luka, figure discrète mais fondatrice. Ancien gardien de but yougoslave, Branko est ici dépeint comme un homme de l’ombre, à l’opposé des figures autoritaires qu’on retrouve souvent dans les récits sportifs. Pas de tyrannie éducative ni de projection excessive : il observe, il accompagne, il soutient – sans jamais écraser. C’est un père aimant, pudique, qui a transmis à ses fils la passion du handball autant que des valeurs de rigueur, d’humilité et de combativité. Et lorsque la maladie le frappe, cette épreuve semble sceller définitivement l’unité de la fratrie, renforçant ce « supplément d’âme » qui les caractérise. Le scénario de Christopher trouve ici un équilibre réussi entre biographie et introspection. Il montre les Karabatic non comme des surhommes, mais comme des frères habités par une exigence et une humanité héritées de leur père. Le parallèle avec Les Frères Karamazov n’est pas fortuit : il s’agit d’une histoire de transmission, de loyauté et de recherche de sens. Graphiquement, Christopher adopte sa griffe sobre habituel : une ligne claire épurée, fluide, presque minimaliste, qui contraste avec la puissance des corps et des émotions évoquées. Ce choix graphique renforce la dimension intime du récit : derrière les exploits sportifs, il y a une famille, une mémoire, un héritage.