L'histoire :
En 1973, Axel Neunhöffer, 36 ans, rentre chez lui après quelques jours de déplacement professionnel, dans son chalet isolé des Alpes autrichiennes. Il retrouve sa petite femme adorée, Helga, mais il ne se montre pas aussi tendre avec elle que d’ordinaire. En fait il est en train de faire un malaise… qui lui est fatal quelques heures plus tard. La famille Neunhöffer se réunit aussitôt autour de son lit de mort, aux côtés d’Helga, même s’ils n’aiment guère cette dernière. Pour comprendre l’origine de ce ressentiment, il faut remonter 27 ans en arrière, alors que Horst Neunhöffer, le père d’Axel, lui aussi dans sa 36e année, rentrait chez lui le long d’une route escarpée. Le camion d’un boucher, le père d’Helga, Bernd Oefeln, était passé par là et… le corps de Horst avait été retrouvé écrasé au fond du ravin. Si le tribunal n’avait jamais pu prouver l’implication de Bernd dans la mort de Horst, la famille Neunhöffer a toujours tenu ce dernier pour responsable. Aujourd’hui, le sort s’acharne de manière particulièrement lourde sur la famille Neunhöffer : Axel est le 4e à décéder de manière inexpliquée ! Or, la plupart du temps, les causes de ces décès sont de simples étouffements nocturnes… Devant autant de coïncidences, la police et les journalistes s’intéressent de près à la famille. Et pourtant, l’hécatombe est loin d’être terminée ! Y a-t-il un meurtrier ? Certains parlent de malédiction…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour se permettre jusqu’à 9 morts inexpliqués, il faut pouvoir mettre en scène et assembler dès le départ une belle brochette de protagonistes ! Or c’est un peu au niveau de son châssis que cette histoire pêche. De flashbacks entrecroisés en patronymes complexes, on se perd un peu entre les générations, les liens familiaux et surtout, dans les méandres du temps. La question récurrente que se pose le lecteur est : qui est mort avant qui ? Et ce, bien entendu, afin d’identifier qui peut être impliqué dans ces décès suspects ! Car la mécanique narrative joue justement sur la frontière entre le polar et le fantastique : la famille compte-t-elle un serial killer dans ses rangs, ou faut-il tout simplement imputer l’hécatombe à une malédiction lambda ? Suspens… L’ambition est pourtant louable : il s’agissait d’associer de manière inédite, un scénariste franco-belge, J-M Goum, avec un dessinateur de manhwas (mangas coréens), Byun Ki-hyun (que les amateurs de mangas ont déjà pu croiser à deux reprises à travers la collection Hanguk). Les deux auteurs ont travaillé plus d’un an, dans leurs pays respectifs, autour de cet album pour aboutir à cette synthèse intéressante, mais pointant âprement les limites de l’exercice. En effet, la mise en cohérence d’un tel projet n’était guère aisée, en raison de référents culturels bien distincts. Notamment, on n’appréhende que de manière ponctuelle l’ambiance angoissante idoine et inhérente à ce type de récit, entre épouvante et polar. Or, dans les scènes de tension, les expressions faciales sont sur-jouées (avec lignes de fuites et yeux exorbités…), révérant par là « l’écriture » manga qui exagère souvent les traits… et décrédibilise le récit. Cette dichotomie entre atmosphère pesante et juste psychologie des personnages, transparait ainsi tout du long de l’album. Ce one-shot demeure néanmoins une curiosité, qui saura séduire les amateurs.
