L'histoire :
Novembre 1914. Les poilus de la 62ème BCA (Brigade de Chasseurs Alpins) avancent péniblement à pied dans les collines enneigées des Vosges, par un froid glacial. L'expérimenté capitaine Moufflot qui les commande est inquiet. Ses pertes humaines sont importantes, les nouvelles de l'Etat Major peu rassurantes et néanmoins, il sent le boche tout près. L'angoisse s'accélère lorsque ses hommes l'avertissent qu'ils n'ont plus aucune nouvelle de leurs éclaireurs. Le piège se referme aussitôt : ils sont canardés et bombardés par les allemands. C'est une hécatombe. Moufflot est laissé pour mort, avec trois balles dans la poitrine. Quelques jours plus tard, à Paris, le Général Maud'hui convoque Jane Moufflot pour lui apprendre qu'elle est veuve. Son mari est tombé à Saint Dié, avec les 45 hommes de sa compagnie. Une grande perte pour l'armée française. Il est désolé. L'éplorée Madame Moufflot, tout comme les officiers qui connaissent l'homme, peinent à y croire : Moufflot est un dur à cuire, réputé invulnérable. Ils ignorent encore que leurs doutes sont fondés : Moufflot a été recueilli et soigné par les militaires allemands,stupéfaits par sa résistance. Et son patriotisme est intact ! Au même moment, dans un petit port d'Alaska, le conducteur de chiens de traîneaux Scotty Howard – une véritable légende locale – fait ses adieux à deux amis français, rapatriés au pays par bateau pour servir leur drapeau.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2014, année commémorative oblige, le 9ème art se réapproprie la Première Guerre Mondiale. Avec ce diptyque en devenir, le prisme adopté par les scénaristes Michael Delbosco et Daniel Duhand réhabilite un fait de guerre authentique et méconnu : l'importation et l'usage de 400 chiens de traîneaux venus d'Alaska, par les poilus de la grande guerre. Un fait méconnu et pour cause : cet épisode a ensuite été classé Secret Défense par l'armée française. Un dossier annexe à ce premier tome revient sur cette idée originale du capitaine Louis Moufflet, ici rebaptisé Moufflot pour s'accorder avec la judicieuse dimension romanesque du récit bédessiné. L'atout mobile et logistique des chiens permettait en effet de palier les rigueurs de l'hiver et le souci majeur de l'absurde guerre de positions dans laquelle se sont enlisées les deux armées. Dans ce premier tome, tout juste devine t-on l'intention de Moufflet, en fin d'album. La narration alterne grosso-modo trois fils conducteurs : la présentation du chef de meute Scotty Howard en Alaska ; les périples vécus par Moufflet, capitaine en poste, puis blessé et évadé ; les décisions de son état major, à l'arrière. Le dessinateur Félix Brune met quant à lui en scène l'affaire à l'aide d'un dessin semi-réaliste moderne et stylisé parfaitement en place. Impeccablement rythmée, cette mise en bouche est palpitante et ne demande qu'à être confirmée par le second volet.