L'histoire :
Après son aventure sur Zara, et suite à un interminable voyage en compagnie des Fanaux, Olive échoue sur Nogegon, deuxième planète du système Terre Creuse. La pesanteur y est si faible que, les premiers temps, Olive passe ses journées à sauter et danser. Elle fait bientôt aussi de nombreuses rencontres. Puis elle disparait… Nelle, qui l’a suivie dans ce monde étrange, aimerait bien la retrouver. L’arrivée d’un enquêteur chez les hôtes qui l’ont recueillie pourrait bien l’y aider. Aussi, elle le supplie de l’emmener avec lui. Pour y parvenir, elle fait croire à son sauveur qu’ils sont responsables des vols pour lesquels il enquête, justement. Le bonhomme, qui n’a jamais supporté l’asymétrie chronique de ce type d’individus (des Refusés, c'est-à-dire ceux qui ont été exclus de la société), désintègre l’un d’entre eux puis s’enfuit avec Nelle. Pour regagner le cœur de la cité, ils doivent désormais emprunter l’éjecteur, une sorte de gros propulseur. Néanmoins, sans bague d’identification, Nelle risque d’être rejetée. Elle subtilise donc celle de l’enquêteur, au risque d’être à son tour désintégré, pour avoir tenté de rentrer illégalement. Tant pis pour lui, Nelle doit retrouver Olive à tout prix…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième immersion en Terres creuses, ce Nogegon, comme ses prédécesseurs, n’emporte pas la palme des récits les plus transcendants. Tout du moins sur le plan stricte de l’histoire qui sert à ancrer la balade dans cet univers définitivement à part. Car ici la belle Nelle passe son temps à « enquêter » sur la disparition de son amie Olive en se confrontant à une société où l’homme domine et dans laquelle la quête esthétique est un moteur contraignant. Bref, pas franchement captivant et souvent un peu longuet. C’est donc ailleurs qu’il faut chercher la pépite, car ce troisième volet est indéniablement digne d’intérêt. Un coup d’œil sur le graphisme offre un simple rappel de la maitrise des perspectives, des cadrages ou de la colorisation de François Schuiten, dont le trait sert définitivement de parfait métronome à cette trilogie. Mais il s’agit ici encore tout au plus d’une confirmation. Finalement, on s’arrêtera sur l’exercice scénaristique, stricto sensu, proposé. Car ici, du titre de l’album à la dernière planche, du découpage au propos même du récit, tout est symétrique, de bout en bout. Nogegon est un monde dans lequel tout est symétrie. Donc, rien de mieux pour les auteurs, et pour notre plus grand plaisir, que de s’imposer cette contrainte pour bâtir ce dernier récit. Ainsi à partir de la page 36 la numérotation passe à 36’ puis décroit (35’ ; 34’…) pour que chacune des planches soit le parfait écho de son symétrique opposé. Du coup, on comprend mieux la difficulté à élaborer un récit croustillant. Pour autant, l’ensemble retombe sur ses pattes sans difficulté. Au-delà de cet exercice de style, ce tome unit parfaitement la saga en piochant dans les autres volumes pour étoffer son scénario (présence des deux héroïnes de Zara, évocation du tailleur de brume évoqué dans Carapaces). Malicieux, en tous cas, et ponctuant intelligemment la série.