L'histoire :
Payé pour tuer un journaliste avant qu’il ne révèle un scandale politico-mafieux, un tueur professionnel pousse loin l’intellectualisation de la chose. Non seulement il tue sa victime, Pierre Brémont, mais aussi le commanditaire du contrat, le puissant Alexandre Alberti, et sept de ses hommes. Puis il met en scène le tout pour effacer ses traces et poursuit sa mission, afin de retrouver le dossier brûlot du journaliste Brémont. Il trouve rapidement où se planque la femme et sa petite fille du journaliste (il suffisait de prendre un collègue en filature), dans une maison de campagne. Il s’installe alors paisiblement dans une bergerie proche. Pendant ce temps, l’inspecteur de police Malone enquête. Il se doute de la mise en scène et reste très prudent dans ses déclarations presse. Dans leur coin de campagne baigné de soleil, le tueur et la veuve Brémont se croisent, se dévisagent chaque jour un peu plus. Lors d’une baignade dans une rivière proche, le tueur sauve même la fillette de la noyade. C’est le déclic. Sexuellement attirée par cet homme élégant et froid, la veuve, une splendide créature, vient le remercier comme il se doit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome piquant, on attendait que le héros Malone entre enfin en scène, pour mener une confrontation intense avec un tueur intellectuel brillant… Hélas, à l’instar du premier tome, ce second tome amplifie d’emblée les symptômes d’une narration distante très particulière… qui fuit une nouvelle fois le genre policier. En début d’album, Malone fait un rapide point presse sur son enquête, puis il disparait, abandonnant le reste du récit à la relation ambiguë entre le tueur et la veuve. Il faut attendre la page 43 pour revoir Malone pointer le bout de son nez et conclure l’affaire. En tout et pour tout, il n’apparait que sur 6 planches ! Et d’enquête… il n’est point vraiment question. Malone constate et déduit rapidos. L’intérêt de ce diptyque se situe clairement ailleurs que dans le registre policier. Au dessin, Pierpaolo Rovero ne s’en tire pas si mal, même si ses planches manquent légèrement de cohésion visuelle. Peut-être ses encrages réalistes trouvent ils également une difficile adéquation avec la mise en couleur ? La narration alterne les séquences visuelles, contemplatives et muettes, et les phases dialoguées, intellectuelles et intenses. De la page 6 à la page 16 : 3 bulles ! Et puis soudain, page 18-19, une discussion aborde de manière complexe un sujet sérieux (l’incompatibilité de l’amour et des choses du sexe). Plus tard, le tueur tiendra une discussion toute aussi cérébrale (autour du sens que l’on accorde aux histoires), mais avec une fillette… Au-delà de la cohérence d’un tel débat avec une fillette, cette écriture particulière s’éloigne des standards narratifs inhérents au medium bande dessinée, pour embrasser une forme d’écriture pathologique au travail du romancier. En outre, les réflexions proposées par ce tueur ne sont pas inintéressantes, mais elles peinent à séduire, de par leur caractère exagérément ampoulé. La bande dessinée était-elle le médium adapté ?