L'histoire :
Tueur de cafards : Né à Berlin en pleine 2e guerre mondiale, Walter grandit pourtant à Brooklyn dans la famille Eisenhower qui l’a adopté. Adulte, il gagne sa vie dans une société chargée de débarrasser les immeubles de la « Grosse Pomme » de sa population de cafards. Lorsqu’il monte dans sa camionnette rouge flamboyante ce matin là, il est encore empli des désillusions de son récent voyage en Allemagne, au cours duquel il a tenté de renouer avec sa vraie mère. D’abord appelé au domicile d’un client régulier, qui n’a pas d’autre intention que de lui proposer la bagatelle, Walter doit intervenir chez le Dr Nielsen, à deux pas de Wall Street. Le portier qui l’accueille lui indique le 12e étage mais Walter dans l’ascenseur pousse le bouton du 13e. Pourtant, il n’y a jamais de 13e étage dans les bâtisses newyorkaises : pour la première fois de sa vie, il joue les curieux. Une mauvaise idée, à bien y réfléchir, car ce qu’il entend derrière le numéro 138 n’aurait jamais du trouver le conduit auditif d’un modeste tueur de cafard : une vaste conspiration meurtrière semble prendre forme derrière la porte de l’appartement. Pressé de quitter les lieux, Walter Eisenhower sait qu’il vient de mettre les pieds dans un bourbier collant. Mais le sait-il vraiment ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Outre Le tueur de cafard dont il forme le corps, New York Mi Amor propose 3 autres récits au format beaucoup plus court (4 ou 8 planches uniquement), pour une plongée dans une ville que notamment le 7e art a sublimé. Nés des séjours respectifs des 3 auteurs dans cette cité, les quatre histoires qui ont vu le jour il y a prés de 30 ans (et réunies pour la première fois au sein d’un même volume) exercent toujours cette même attraction. Une fascination bâtie à coups de vertige architecturale, de fourmillement humain, de crasse, de scintillement des néons : un parfait décor pour le polar noir, le drame et le désespoir. Ainsi le petit uniforme rouge de Walter, noyé dans le gigantesque noir et blanc du New York de Tardi, nous entraine entre building et quartiers à la dérive, dans un récit où il est de bon ton de ne jamais se fier aux apparences. Un conseil qui lie ce récit principal à It’s so hard, Manhattan et Le meurtrier de Hung (des petits bijoux de constructions scénaristiques en un minimum de planches) dans lesquels, tour à tour, nous retiendrons cette même leçon. En dehors de la tension scénaristique constamment imprimée qui colle à merveille à la ville, Jacques Tardi se livre à un exercice virtuose : un cadrage de New York qui laisse la ville transpirer, étouffer ou jaillir, avalant nos petits héros. Comme il l’a permis à Paris, via d’autres productions (Nestor Burma, Adèle Blanc Sec), Tardi impose New York, traduisant ainsi l’envoutement qu’elle exerça sur lui et ses compères.
