L'histoire :
Dans l’Amérique puritaine des années 50, Matt et Dennis sont deux jeunes inspecteurs de la FDA (Food and Drug Administration = surveillance des drogues et des aliments). Apparemment plus intègre que son collègue, Matt a une faiblesse secrète : il est victime de kénophobie, la fameuse peur du noir. Bien entendu, vu le caractère un peu honteux de cette phobie, seule sa femme Carol est au courant… Un jour, les deux agents se rendent à l’« Orgone Institute » de Wilhelm Reich, un psychanalyste dont les recherches inquiètent l’administration. Ils ont pour ordre de brûler tous les documents faisant état d’un sujet particulier : l’accumulateur d’orgone. Alors que l’incinération se déroule comme prévu sous l’œil indigné d’un collaborateur de Reich, Matt profite d’un moment d’inattention de son collègue pour sauver un bouquin d’un carton, intrigué par le sujet. Le soir venu, il le parcourt et découvre que Reich avait poussé très loin ses recherches sur les techniques de l’orgasme et des plaisirs sexuels. Matt met dès le lendemain ces théories en pratique et atteint une extase inédite avec Carol ! Il décide alors de creuser le sujet et se met à construire dans son garage un accumulateur d’orgone…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mitonné par le tandem Delperdange/Cayman, ce polar est d'autant meilleur que leur autre série STAR (aisément), que le sujet est issu de faits historiques. En effet, la FDA a réellement détruit l’ensemble des travaux de Reich dans les années 50, et le chercheur aurait même été assassiné en prison ! Qu’avait donc découvert Reich de si délicat ? Que craignait donc la FDA pour réduire à néant une vie de recherches sur l’utilisation de l’énergie sexuelle et ses répercussions sur les comportements humains ? Patrick Delperdange laisse ces questions en suspens, préférant tisser autour de sa trame une intrigue policière relativement classique mais rondement menée. Le scénariste joue tout d’abord sur deux registres à la fois : l’enquête scientifique et la triviale affaire de mœurs, avant de basculer vers l’un d’eux en toute fin d’album. Allié à un sujet sensible (qui ne voudrait pas savoir comment amplifier le bonheur à travers l’extase sexuelle ?!), ce mécanisme narratif tient parfaitement en haleine tout au long de ce one-shot. Question dessin, à la vue des croquis présentés dans le cahier final, Thierry Caiman gagnerait peut-être à troquer ses encrages, inégaux et parfois un peu statiques, contre une colorisation directe sur un crayonné peaufiné.
