L'histoire :
Dès les premiers jours de Pierre à l'école de Vienne en Val, il est évident que le petit garçon n'est pas fait pour l'éducation traditionnelle. Fasciné par les schémas de géométrie, la mappemonde qui trône sur le bureau, mais rebuté par l'écriture, Pierre est un rêveur désordonné dont les petits camarades se moquent du visage très ingrat. C'est sa grande sœur Thérèse qui va convaincre ses parents de la retirer de la classe, et de le laisser travailler auprès des animaux de la ferme, qu'il adore. Il va grandir en donnant des coups de mains à de nombreux agriculteurs du coin, et va petit à petit se tailler la réputation d'un garçon travailleur, très habile de ses mains. Car en marge de son travail, Pierre construit des objets insolites, des petits mécanismes de bric et de broc, de plus en plus élaborés. Lorsqu'il a presque trente ans, son système de bombardiers miniatures, qui distribuent des betteraves aux vaches, lui vaut de la curiosité et une véritable admiration. Avec l'âge adulte et un apprentissage sur le tas, Pierre a développé une passion solitaire pour les systèmes mécaniques, un goût de la construction inspiré par sa curiosité, nourri par les images que son oncle rapporte de ses voyages aux quatre coins du monde. Et petit à petit, cette passion spontanée va donner naissance à une oeuvre d'art unique en son genre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'image du Facteur Cheval et de son palais, Pierre Avezard a consacré sa vie à la construction d'un manège devenu l'un des symboles de l'art brut. Daniel Casanave a très bien choisi son sujet avec cette biographie réinventée de ce bricoleur de génie du début du siècle denier. La manière dont il nous amène à découvrir le voyage artistique de Petit Pierre est fidèle à son style, poétique, délicat et drôle. Son dessin très stylisé se pose sur des pages très bien construites avec, comme toujours chez lui, des temps d'arrêt en grand format qui offrent de belles respirations. Les couleurs de Florence Lebonvallet sont simples, en aplats réguliers, mais là aussi très évocatrices, en particulier sur les ambiances de fin de journée. Sans que le personnage central s'exprime beaucoup, l'auteur nous fait comprendre comment il s'isole du monde tout en déroulant pleinement son art sans calcul. On arrive en fin d'album très curieux d'en savoir plus sur ce nom inconnu du grand-public, et la postface de Florence Lebonvallet nous permet de redécouvrir comment des œuvres d'art marginales ont pu être montrées à un public plus large. Mais même s'il y a de la vérité historique dans tout cela, la vie de Petit Pierre est une jolie promenade aux côtés d'une sorte de génie insouciant, une balade onirique dans un monde très concret.
