L'histoire :
Roger est un sans-abri atteint d’un cancer en phase terminale. Il dort depuis quelques temps dans une maison de convalescence. Mais un soir, un détail va tout changer : le micro-onde est en panne. Un vieil SDF comme lui peut presque tout accepter, mais une soupe froide, ça, jamais ! Après avoir pris son pyjama, sa couverture et ses pantoufles, le voilà s’échappant de cette maison. Après tout, le monde entier se fiche bien d’un clochard. Traversant la campagne pour regagner la ville, Roger ressasse sa vie de rue et d’ancien homme marié. Car elle était bien, sa Bertille. Au moins, elle lui faisait à manger, mais à coté il y avait les copains, la boisson et le PMU… et sa femme l’a mis à la porte. Et sa fille ? Se rappelle-t-elle encore de son vieux père ? Car il ne s’en est jamais vraiment occupée. Où est-elle, que fait-elle ? Est ce que le fait d’avoir été jeune orpheline de mère et d’avoir eu un père tout le temps au café l’aurait poussé à devenir clocharde ? Ce qui est certain, c’est qu’il a du aller en convalescence à cause d’un toubib, ce putain de médecin qui voulait l’opérer de la mandibule. La nuit est longue, ses pieds sont gelés, mais au loin, il y a l’hôpital avec la promesse d’une bonne soupe chaude…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Charles Masson utilise ses souvenirs et anecdotes de médecin lyonnais pour alimenter l’aventure de Roger, son héros SDF. Et il n’est pas tendre avec lui, ni avec le personnel médical d’ailleurs. L’auteur réussit à nous projeter dans la tête d’un homme malade et violenté par la vie : ses souvenirs décousus, ses délires, ses peurs et ses douleurs prouvent que nous sommes dans la tête d’un homme n'ayant pas toute sa tête. Pourtant, une tendresse se crée. Comment ne pas compatir devant un homme ayant tout perdu et ne pas le suivre pendant sa longue agonie ? Comme dans Droit du sol, son précédent ouvrage, l’auteur fait lui même le dessin. Le choix du monochrome est bon, car il s’accorde merveilleusement avec cette funeste aventure et ses nombreux paysages de campagne enneigée. Si Masson utilisait sa Soupe froide pour nous réchauffer le cœur, le pari est réussi. Il est en effet difficile, en fermant la quatrième de couverture, de ne pas penser aux démunis qui sont à nos portes.
